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                 INDUSTRIE
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données de marchés consolidées : « Je suis furieux contre les régulateurs, parce qu’ils n’ont rien fait et ne font toujours rien pour régler ce problème, qui est connu depuis des années. L’impression que nous laissons auprès des investisseurs étrangers est qu’on n’est pas sérieux, ce qui nuit à notre marché des capitaux et à notre économie. »
«Dans le " Plan d’affaires des  Autorités canadiennes en  valeurs mobilières 2019‐2022 ", nous avons indiqué que nous allions continuer de surveiller la situation à l’échelle interna‐ tionale et d’examiner l’approche canadienne à l’égard des données du marché, y compris l’application du principe de l’accès équitable, le processus d’examen réglementaire et l’utilisation de la méthode d’examen des droits relatifs aux données », répond Sylvain Théberge, directeur des relations médias à l’Autorité des marchés financiers.
D’ici là, si le courtier d’un conseiller ne lui offre pas l’accès  aux données consolidées, il peut modifier les réglages de son  logiciel afin de les capter. Cependant,  celles-ci seront généra‐ lement diffusées avec un décalage de 15 minutes. Divers sites,  dont Stock Watch, fournissent aussi des données consolidées, mais décalées.
«Il y a des façons d’obtenir le volume total sur le site du  TMX. C’est juste que l’information est différée, car il y a un  coût pour recevoir en temps réel les données des autres plateformes de négociation », explique Graham Mackenzie, chef, FNB et produits structurés, Bourse de Toronto.
Cet enjeu de diffusion de l’information sur le volume est  davantage criant pour les négociations d’actions, où la liqui‐ dité d’un titre est liée à son volume. Pour un FNB, sa liquidité dépend de celle de ses actifs sous‐jacents et un mainteneur de marché peut créer ou racheter de nouvelles parts de FNB en fonction de l’offre et de la demande. Un F  NB, dont le  sous‐jacent est très liquide, peut ainsi facilement augmenter ou diminuer son volume.
Autre modernisation demandée
Jos Schmitt dénonce une autre règle qui frustre certains acteurs du secteur des FNB, soit la méthode de conception de la liste des titres admissibles à une marge (couverture) réduite (LTAMR) de l’Organisme canadien de réglementation du  commerce des valeurs mobilières (OCRCVM).
Publiée tous les trois mois, elle définit les instruments qui  « peuvent bénéficier d’une marginabilité maximale, soit être  utilisés pour un financement plus important »,  note-t-il. Pour  qu’un titre figure à la  LTAMR,  celui-ci doit être suffisamment  liquide, et son cours, peu volatil.
Selon J  os  Schmitt, l’OCRCVM ne se base que sur les  volumes enregistrés à la Bourse où le FNB est inscrit à la cote afin d’évaluer si un  FNB fait ou non partie de cette liste. «  Si  vous avez un FNB qui traite 30 % de son volume sur la TSX, il est fort probable qu’on l’empêche de bénéficier pleinement de  son potentiel d’être utilisé comme garantie », dit J os  Schmitt.
Il relate le cas d’un client qui utilisait un FNB comme garantie pour faire d’autres transactions, car c  elui-ci figurait  à la  LTAMR. Le trimestre suivant, le même  FNB n’y figurait  plus, car son volume négocié à la  TSX avait diminué, même si  son volume consolidé était relativement stable.
«Le client a été forcé de revoir ses positions parce qu’on ne tient pas compte du volume sur tous les marchés, ce qui
a aussi frustré son conseiller et le manufacturier du FNB. Ce dernier n’était pas content de découvrir la raison absurde  expliquant cette situation et qui devrait être réglée depuis  qu’on a des marchés multiples au C  anada... il y a près de  15 ans », ajoute  Jos  Schmitt.
L’OCRCVM est en train de mettre à jour ces critères  d’admissibilité à la  LTA MR, explique le régulateur, dans une  récente note : « Nous sommes en train de prendre des mesures pour tirer profit de nos données internes, telles que les don‐
nées consolidées sur les volumes, afin de nous assurer que  nous tenons compte de toutes les données pertinentes pour déterminer l’admissibilité.»
Peu avant de mettre sous presse, l’OCRCVM aurait résolu  ce problème, notamment en raison de demandes d’un nombre croissant de manufacturiers de FNB, a noté Jos Schmitt.
Objectif: mieux présenter l’information
Jos S  chmitt milite également afin d’améliorer l’information  diffusée aux clients, cette fois sur leurs relevés de comptes. En  effet, on y présente souvent la valeur d’un titre en se basant  sur le dernier cours négocié. Cette méthode fonctionne bien  pour les FNB qui se négocient souvent, mais devient problé‐ matique pour ceux qui ne le sont pas ou peu. Le dernier cours peut présenter une valeur périmée d’un fonds, très différente  de la valeur de ses actifs sous‐jacents, parce que ce cours date de plusieurs heures ou parfois de plusieurs jours.
« Prenons l’exemple d’un FNB qu’un client a acheté 10 $
et dont le sous‐jacent a une valeur liquidative de 12 $. Si ce FNB n’a pas été négocié récemment, son dernier cours de clôture peut par exemple être de 15 $, la valeur de ses actifs   sous-jacents ayant baissé depuis la dernière transaction. On  donne ainsi une information qui n’est pas correcte au client,
ce qui pourrait l’amener à prendre une décision de vente erronée, et sa vente ne sera pas à 15 $, mais proche de la valeur  liquidative », dit Jos Schmitt, qui juge que la valeur liquidative d’un fonds correspond généralement à sa vraie valeur.
Pour les titres qui ne sont pas souvent négociés, N  EO  propose donc qu’on présente le prix correspondant au point milieu moyen pondéré dans le temps de la meilleure offre  d’achat ou meilleure offre de vente nationale (t  ime-weighted national best bid/offer midpoint price). Cette mesure résoudrait  le problème des FNB peu négociés.
« C’est une solution tout à fait innovante et juste pour pré‐ senter la valeur de F  NB qui se négocient peu. Or, je ne crois  pas que le marché la comprend bien actuellement »,
juge P  atrick  McEntyre.
« Il serait idéal que l’industrie adopte cette méthodologie dans toutes les plateformes boursières, ce qui améliorerait l’expérience des investisseurs et réglerait un problème évident », lit‐on dans une note sur le sujet publiée par un mainteneur de marché lié à une banque canadienne en août 2018. Difficile à dire si ce sera le cas.
Il reste que certains doutent de l’adoption de la présenta‐ tion de la valeur liquidative, une mesure qui a fait débat ces dernières années.
La valeur liquidative peut aussi être périmée ou difficile à  obtenir. Par exemple, c’est le cas si elle est basée sur le cours de clôture de titres australiens, dont les marchés sont fermés au moment où les marchés nord‐américains sont ouverts. De plus, au  Canada, une part importante du marché des F  NB est  constituée de fonds gérés activement.
« Malheureusement, la valeur liquidative ignore le risque, le capital et la marge de profit nécessaires pour qu’un main‐ teneur de marché puisse jouer son rôle pour un FNB», dit  Catherine K  ee, directrice principale, communications corpo‐ ratives et relations médias, Groupe TMX.
La valeur liquidative n’est pas la valeur qu’un client peut obtenir en vendant son FNB, car l’acheteur, souvent un main‐ teneur de marché, doit assumer des frais liés à l’achat ou à la vente d’un panier de titres sous‐jacents, des frais boursiers, des coûts pour ses opérations sur devises si nécessaire et dégager une marge bénéficiaire. « Le cours acheteur (lastbid) de clôture ou une sorte de mélange des cours acheteur publiés à la fin d’une journée constituent une manière plus fiable  d’évaluer un FNB que la valeur liquidative. Mon cours acheteur que je soumets représente ce que me dit mon système de gestion des risques », dit  Patrick  McEntyre.   •
Je suis furieux contre les régulateurs, parce qu’ils n’ont rien fait et ne font toujours rien pour régler ce problème, qui est connu depuis des années.
– Jos Schmitt
     Guide des FNB 2020 de Finance et Investissement 11
ILLUSTRATION: JAKE OLIMB / 123RF STOCK PHOTO

































































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