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PRODUITS ET
ASSURANCE
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Un havre dans la tempête
MAI
2020 | PAGE 8
Certains fonds multistratégies sont peu corrélés avec les grands indices.
PAR YAN BARCELO
secteur
dans l’ouragan qui secoue
les marchés, certains fonds alter- natifs liquides (FAL) multistra- tégies se présentent comme un havre de paix relative où bien des investisseurs auraient sans doute aimé être amarrés.
La vente des FAL a reçu le feu vert des autorités canadiennes de réglementation il y a un peu plus d’un an, de telle sorte que nous commençons à pouvoir nous faire une idée de leur per- formance. Nous avons choisi d’aborder une des catégories les plus intrigantes du secteur : les fonds multistratégies.
Avec de tels fonds, nous en- trons dans un monde souvent bien différent de celui auquel les lecteurs de cette chronique sont habitués.
Leur caractéristique princi- pale ne repose pas tant sur les catégories d’actifs elles-mêmes – notamment les actions et obli- gations, secteurs, régions, tailles de capitalisation – dont on traite normalement. Certes, ces actifs continuent de jouer un certain rôle, mais la clé des fonds multi- stratégies tient souvent davan- tage à leur structure et aux ins- truments auxquels ils recourent : levier d’endettement, vente à découvert et instruments finan- ciers dérivés.
Un exemple entre mille : dans le Fonds alternatif forti- fié multi-stratégies de Picton Mahoney, le gestionnaire re- court aux actions, mais il le fait le plus souvent en achetant un titre (par exemple, Coca-Cola) et en vendant à découvert un autre titre apparenté (par exemple, PepsiCo). Cela change complètement la dynamique d’investissement.
Du coup, « votre portefeuille ne dépend plus de la direction du marché, explique Michael White, gestionnaire du portefeuille. Vous ne faites plus de l’argent sur la montée de Coke ou sur la des- cente de Pepsi, mais sur l’écart entre les deux titres qui s’élargit ou rétrécit. »
PLUS CLASSIQUE, MOINS RÉSISTANT
Par ailleurs, certains fonds de la catégorie sont de nature plus classique. C’est le cas du fonds
Friedberg Asset Allocation, pre- mier au classement de notre ta- bleau, qui répond tout juste aux exigences de sa catégorie en in- tégrant des marchandises aux actifs traditionnels des actions et des obligations. Mais même là, il s’agit d’actions d’entreprises de denrées de base plutôt que des marchandises elles-mêmes.
Par contre, ce fonds n’a rien de classique par la nature de certains actifs et par son degré de concen- tration inhabituels. Par exemple, le gestionnaire du portefeuille Albert Friedberg, au lendemain de la crise de 2008, a engrangé le fonds négocié en Bourse (FNB) américain Homebuilders ETF jusqu’à ce qu’il atteigne 42,4 % du portefeuille à la fin de 2017, position qu’il a liquidée depuis. Le fonds achète aussi des obli- gations de banques grecques et brésiliennes.
Avec une composition aussi peu orthodoxe, il a parfois donné des rendements intéressants, soitde17%en2013etde20%en 2017. Par contre, dans la chute actuelle, il ne fait guère mieux que ses pairs traditionnels. Au moment où le S&P 500 et le S&P/TSX perdaient entre 20 % et 25% depuis le début de l’an- née (au 12 mars 2020), le fonds Friedberg sombrait de 26 %.
VOLATILITÉ PLUS FAIBLE
Ce n’est pas le cas du FNB d’investissements alternatifs li- quides BNI qui, depuis le début de 2020, présente un léger gain de 0,94 % (au 12 mars), indique Pierre Laroche, vice-président, recherche et stratégie, de Banque Nationale Investissements.
Ce fonds obtient ce résultat re- marquable par une gestion « ac- tive » à base d’algorithmes statis- tiques qui cherchent à déceler les tendances dans cinq catégories d’actifs : obligations, devises,
et trois marchandises (énergie, produits agricoles, métaux). Le FNB fait également appel à l’effet de levier, et peut aussi bien ache- ter que vendre à découvert.
Sa principale caractéristique tient à l’utilisation de contrats à terme de 22 types, toujours les mêmes, à la Bourse de Chicago. Les sommes des investisseurs sont déposées dans des bons du Trésor canadiens de trois et six mois, cet argent servant de marge pour les contrats à terme.
L’objectif principal du fonds est d’assurer une corrélation en deçà de 0,2 (un indice de 1,0 cor- respond à une corrélation par- faite) et une volatilité autour de 10 %, « soit environ la moitié de la volatilité typique des actions, qui est de 18 à 20 % », précise Pierre Laroche.
Par ailleurs, le rendement visé est l’équivalent de celui des bons du Trésor canadiens, plus 1,5 à 2 points de pourcentage. « Ce n’est pas le genre de produit dont on doit at- tendre des rendements faramineux, mais on vise une performance solide peu corrélée», souligne-t-il.
DIVERSIFICATION MAXIMALE
Le Fonds alternatif fortifié multi-stratégies Picton Mahoney mise lui aussi sur une faible corrélation.
Dans notre classement, ce fonds est celui qui correspond le mieux au libellé de sa catégorie : il ne fait pas que multiplier les ca- tégories d’actifs, il multiplie aussi les stratégies.
Ainsi, le portefeuille est bâti sur neuf catégories d’actifs de base qui sont peu corrélés entre eux : actions de marchés déve- loppés, actions de pays émer- gents, écarts entre titres de reve- nu fixe de qualité investissement et titres de haut rendement, éner- gie, métaux industriels et pré- cieux, grains, taux d’intérêt.
Ce large registre d’actifs en- globe, d’une part, les marchan- dises elles-mêmes (mais non les actions d’entreprises les exploi- tant), et d’autre part, des pro- duits dérivés exploitant non pas les tendances de certains actifs (taux d’intérêt, titres de dette), mais les écarts entre actifs. À ce panier s’ajoute le recours à un ni- veau de levier pouvant atteindre 300% et à la vente à découvert pouvant s’élever jusqu’à 50 % du portefeuille.
En plus de ces actifs de base, le gestionnaire multiplie les straté- gies qui visent une diversification maximale, notamment en recou- rant à cinq facteurs d’investisse- ment : valeur, momentum, écart et portage, volatilité, taille.
«Nous nous efforçons de ré- duire la volatilité et de mettre au point des stratégies qui ne sont pas directionnelles, par exemple les marchés d’actions neutres, l’arbitrage de fusions et acquisi- tions, l’achat et la vente à décou- vert de crédit, explique Michael White. Nous tâchons d’éliminer la vulnérabilité aux tendances de marché tout en produisant de bons rendements. »
Quel résultat donne ce travail dans la tempête actuelle ? Nous n’avons pas de chiffres pour mars, mais à la fin de février, le fonds accusait une baisse repré- sentant la moitié de son indice composé de cinq sous-indices mondiaux, soit -1,75 % par rap- portà-3,77%. FI
Fonds alternatifs liquides multistratégies
NOM DES FONDS
Rendement composé, 6mois%
Rendement composé, 1an%
Rendement composé, 3ans%
Rendement composé, 5ans%
Ratio de Sharpe 1 1an
Ratio Bêta 2 1an
Friedberg Asset Allocation Fund U$
2,08
14,38
3,97
3,78
1,17
0,06
NewGen Alternative Income Fund Class F
0,93
6,29
n.d.
n.d.
0,73
n.d.
Fonds alternatif fortifié multi-stratégies Picton Mahoney catégorie A
2,08
5,61
n.d.
n.d.
1,04
n.d.
Fonds alternatif fortifié d’arbitrage Plus Picton Mahoney catégorie A
3,62
4,91
n.d.
n.d.
1,84
n.d.
Fonds alternatif conservateur Forge First série A
0,83
3,65
2,50
2,40
0,76
0,08
Fonds alternatif international EHP Fondation catégorie A
0,65
3,24
n.d.
n.d.
0,75
n.d.
Fonds multistratégie à rendement absolu Mackenzie série A
-0,28
1,58
n.d.
n.d.
-0,01
n.d.
Stratégie de rendement absolu d'actifs multiples CIBC série A
-0,70
0,69
n.d.
n.d.
-0,34
n.d.
Friedberg Global Macro Hedge Fund U$
-7,90
-19,05
-10,25
-7,71
-1,18
-0,89
Fonds de placements alternatifs Franklin K2 série A
1,01
n.d.
n.d.
n.d.
n.d.
n.d.
FNB d'investissements alternatifs liquides BNI
2,50
n.d.
n.d.
n.d.
n.d.
n.d.
Fonds de revenu alternatif Vision catégorie A
4,98
n.d.
n.d.
n.d.
n.d.
n.d.
1. RATIO DE SHARPE: UN RATIO PLUS ÉLEVÉ INDIQUE UN RENDEMENT MEILLEUR EN FONCTION DU RISQUE. C’EST AUTOUR DE CE RATIO QUE S’ORGANISE L’ENSEMBLE DU CLASSEMENT. 2. RATIO BÊTA : UN RATIO MOINS ÉLEVÉ INDIQUE UNE VOLATILITÉ MOINS GRANDE QUE CELLE DU MARCHÉ DE RÉFÉRENCE.
SOURCE: FUNDATA CANADA. DONNÉES EN DATE DU 31 JANVIER 2020
BRÈVES EN ASSURANCE
Vie entière avec rétrofacturation de 25 mois
Assurance vie Équitable du Canada a introduit en février un nouveau mode de commissionnement à rétrofacturation de 25 mois pour sa vie entière avec participation appelée Accumulateur de capital Équimax. La rétrofacturation était jusqu’alors de 61 mois. Ce changement s’applique, précise l’assureur, aux «contrats qui ne sont pas considérés comme étant des contrats de producteur ou liés aux producteurs.» Le taux de commission de première année est de 50%. De la deuxième à la quatrième année, il se situe à 5%. Il atteint 2% entre la cinquième et la dixième année. Il s’établit à 1% à compter de la onzième année. L’été dernier, Équitable avait repositionné sa vie entière avec participation afin de répondre aux besoins des clients plus fortunés. Le produit cible dorénavant les clients de 45 à 65 ans à valeur nette élevée qui recherchent une assurance tout en diversifiant leur portefeuille et en payant moins d’impôt, spécialement dans le cas des sociétés. L’assureur signale être devenu «plus concurrentiel sur le plan des valeurs de rachat de la première à la dixième année dans la tranche d’âge cible de 45 à 65 ans».
Par Jean-François Barbe