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Les alternatifs liquides pourraient profiter de turbulences
PERSPECTIVES
JANVIER
2020 | PAGES 14-16
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l’introduction des nouveaux produits.
«Plus votre produit est étroite- ment lié à ce que vous aviez eu dans le passé, plus il est raison- nable que les gens aient confiance du fait que vous savez ce que vous faites», explique David Picton.
Le rapport de Richardson GMP reconnaît que les produits les « moins inquiétants » sur le mar- ché viennent des gestionnaires dont la stratégie antérieure corres- pond aux règles des nouveaux al- ternatifs liquides. « Toutefois, abordez avec prudence ces solu- tions offertes par [notice d’offre] qui ont dû être radicalement mo- difiées pour répondre aux nou- veaux critères, ou d’autres qui sont des produits nouveaux lancés pour surfer sur le momentum ini- tial», ajoute le rapport.
Le nombre de nouveaux pro- duits, qui offrent un éventail de stratégies, ajoute aussi à la confu- sion, signale David Picton. «Nous avons une pléthore de ces produits qui sont émis en promettant toutes sortes d’objectifs différents et ils sont tous mis dans une catégorie d’actifs appelés “alternatifs”», dit-il.
Daniel Dorenbush soutient que des progrès ont été réalisés en ma- tière de formation du conseiller et du courtier. Une autre source po- tentielle de croissance pour les al- ternatifs liquides est leur intégra- tion dans des produits gérés comme des fonds de fonds, selon le rapport de la CIBC.
Cependant, le facteur crucial pourrait encore être les conditions du marché. «Le secteur a un vaste territoire pour croître, dit Belle Kaura, présidente de l’AIMA. Alors que les investisseurs se préparent à un ralentissement, il y a là une oc- casion extraordinaire.» FI
terminé dans les 12 prochains mois, mais il fera la manchette en 2020.
En même temps, un travail en matière de politiques est à l’ordre du jour.
Notamment, les ACVM ont fina- lisé les réformes axées sur le client à la fin de 2019. Et alors que les chan- gements apportés à un éventail de règles – dont les règles sur la conve- nance, la connaissance du client, la connaissance du produit, la divul- gation et les conflits d’intérêts – sont entrés en vigueur à la fin de 2019, il est prévu que la réelle mise en œuvre des nouvelles exigences aura lieu pendant les deux pro- chaines années et que toutes les modifications auront été adoptées àlafinde2021.
Ainsi, en 2020, un énorme tra- vail devra être accompli pour in- terpréter les règles et les intégrer aux processus et aux pratiques des firmes. En même temps, l’OCRCVM et l’ACCFM élabore- ront leurs propres amendements pour se conformer aux nouvelles exigences des ACVM, en s’assu-
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Comment se comporte cette catégorie de produits un an après son lancement ?
PAR MARK BURGESS
alors que la plupart des
gestionnaires d’actifs espèrent tirer une autre année de gains, ceux qui travaillent dans le nou- veau marché des fonds communs alternatifs pourraient s’accom- moder de quelques turbulences.
Les « alternatifs liquides », des fonds d’investissement qui uti- lisent des stratégies alternatives comme la vente à découvert, l’effet de levier et les produits dérivés, sont devenus accessibles aux in- vestisseurs de détail au début de 2019. Bien que les stratégies des di- vers fonds diffèrent, les marchés vigoureux de l’an dernier ont été exigeants pour les approches de gestion active qui visent la non-corrélation au marché plus large.
L’indice Alternative Mutual Fund de la Banque Scotia a affiché des rendements légèrement infé- rieurs à 5% de janvier 2019 à la fin novembre 2019. En comparaison, l’indice composé S&P/TSX a obte- nu des rendements de presque 19%, et le S&P 500, de plus de 25% pour les 11 premiers mois de 2019.
«Les marchés ont été sur une lancée tant au Canada qu’aux
États-Unis, et chaque fois que vous avez un produit qui fait des opérations de couverture, ce se- rait très difficile de suivre la pa- rade », déclare Daniel Dorenbush, directeur principal et chef des services de courtage privilégié, Canada, à la Banque Scotia.
Or, les produits déploient leurs stratégies, en générant des rende- ments tout en offrant une protec- tion en cas de baisse, dit-il. En mai, quand le S&P/TSX composé a chuté de 3,28%, et le S&P 500, de 6,58%, en raison de la montée des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, l’indice des alternatifs liquides de la Banque Scotia s’est mieux comporté, avec une baisse de 1,21%.
Selon David Picton, président et gestionnaire de portefeuille chez Picton Mahoney Asset Management, un retournement de marché faisant que de s’expo- ser au bêta du marché ne fonc- tionnerait plus pourrait être le meilleur stimulant pour les nou- veaux fonds. « Ceux qui atteignent leur objectif de se différencier sont ceux qui [vont] commencer à gagner une part de marché », observe-t-il.
Selon un livre blanc publié par la Banque Scotia l’automne der- nier, le marché des alternatifs li- quides pourrait atteindre 20 G$ en cinq ans ; d’autres l’évaluent alorsà100G$.
Au 30 novembre 2019, les nou- veaux fonds affichaient des actifs déclarés légèrement inférieurs à
7G$, dit Daniel Dorenbush. Cela reflète une combinaison de nou- veaux actifs et de transferts de pro- duits alternatifs préexistants dans les nouveaux fonds, ce qui a dyna- misé les alternatifs liquides dans leur première année.
Selon Fundata Canada, les actifs sont répartis entre presque 100 fonds et 32 manufacturiers, al- lant d’importants gestionnaires d’actifs (des sociétés établies à Toronto, comme la Banque de Montréal, la Banque canadienne impériale de commerce [CIBC] et Placements AGF) à de petites en- treprises du secteur des alternatifs.
Les alternatifs liquides attirent des actifs qui auraient auparavant été envoyés dans les fonds de cou- verture offerts par notices d’offres, ainsi que des investisseurs pour qui le secteur des alternatifs est nouveau, dit Daniel Dorenbush.
Cependant, l’inquiétude sub- siste. Tandis que les manufactu- riers de fonds peuvent classer les nouveaux produits comme étant de risque faible à modéré dans leurs documents réglementaires, certains courtiers les considèrent comme plus risqués.
« Cela découle du style de ges- tion complexe suivi par bon nombre de ces gestionnaires, ce qui pousse les services de confor- mité à classer par défaut la cote de risque à risque élevé », énonce un rapport de Richardson GMP, publié en novembre.
« En effet, poursuit le rapport, cette explication a du sens en rai-
son de la marge de manœuvre des alternatifs liquides par rapport aux fonds communs traditionnels», bien que cela signifie que les fonds ayant pour mandat de réduire la volatilité pourraient se retrouver classés comme étant à risque élevé. Les cotes de risque plomberont la croissance à court terme, selon le rapport.
Il y a également les frais. En plus du ratio des frais de gestion, beau- coup de fonds communs alterna- tifs ont des frais de performance lorsque le fonds surpasse une va- leur historique (high water mark). Ou encore, ils facturent des frais de performance pour tout rende- ment supérieur à un taux de ren- dement minimal (hurdle rate), explique un rapport de Marchés des capitaux CIBC, publié en septembre.
Selon Claire Van Wyk-Allan, directrice pour le Canada de l’Alternative Investment Management Association (AIMA), la commission moyenne de perfor- mance pour les fonds communs alternatifs est d’environ 8%.
Les antécédents limités ou non existants des alternatifs liquides sont aussi un obstacle à leur pré- sence sur la liste de produits des courtiers. Selon David Picton, la plupart des courtiers veulent voir trois ans de performance. Cela donne un avantage aux manufac- turiers de fonds de couverture dont les fonds alternatifs liquides imitent des stratégies qui exis- taient sous une autre forme avant
De gros projets pour les régulateurs
Les ACVM prévoient revoir la structure d’autoréglementation.
PAR JAMES LANGTON
en 2019, les régulateurs
ont fait face à un réexamen capital, car les décideurs sont passés du renforcement de la protection des investisseurs à la réduction des coûts de conformité. En 2020, une gamme d’enjeux dans un contexte plus large seront abordés.
Pendant les dernières années, la transformation réglementaire au niveau national a semblé immi- nente, l’Autorité de réglementation des marchés des capitaux (ARMC) prenant finalement son essor. Ce projet reste en chantier, mais a peu progressé au cours de l’année écoulée, à part le fait que la
Nouvelle-Écosse s’est jointe à l’ini- tiative en 2019.
Pour 2020, le sort de l’ARMC est toujours en suspens. Toutefois, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM), ce groupe de régulateurs provinciaux, envi- sagent de lancer un examen de l’autre important élément de l’ar- chitecture réglementaire: la struc- ture d’autoréglementation.
Les ACVM publieront à la mi-2020 un document de consulta- tion sur une révision du cadre ac- tuel des organismes d’autorégle- mentation (OAR). Cela inclura la justification de la configuration existante dans le reste du Canada, qui sépare la supervision des deux principales catégories de courtiers entre l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM) et l’Association canadienne des courtiers de fonds mutuels (ACCFM).
La révision examinera l’évolu- tion de l’industrie depuis l’im- plantation de la structure actuelle. Plus de 20 ans se sont écoulés de- puis que les régulateurs provin- ciaux ont décidé de créer un OAR pour les courtiers de fonds en tant qu’organisme distinct, plutôt que d’en confier la responsabilité au prédécesseur de l’OCRCVM, l’Association canadienne des courtiers en valeurs mobilières (ACCOVAM). Depuis, le secteur du placement a évolué et a radicale- ment changé.
Tout au long de cette période, de nombreuses fusions se sont pro- duites, tant parmi les courtiers qu’entre les sociétés de fonds et les courtiers. D’autres secteurs d’acti- vité ont connu une croissance si- gnificative – en particulier le mar- ché dispensé. Plus récemment, l’émergence des fintechs a donné lieu à des modèles d’affaires inima- ginables auparavant.
En même temps, le contexte des OAR a évolué, l’ACCOVAM délais- sant son mandat d’association pro- fessionnelle et fusionnant son or- gane de supervision des courtiers avec Services de réglementation du marché (SRM) en 2008 pour donner naissance à l’OCRCVM. Une différence significative par rapport à l’OAR, groupe de pression ayant une mission intrinsèquement conflictuelle, qui existait avant.
L’examen exhaustif à venir du cadre des OAR par les ACVM se dé- roulera dans ce contexte. L’issue est incertaine, mais il est possible que l’ACCFM et l’OCRCVM fusionnent ou que les responsabilités soient redistribuées. Ou bien, les déci- deurs peuvent en arriver à la conclusion que l’autoréglementa- tion devrait être complètement éli- minée, comme l’ont décidé d’autres instances.
Vu l’importance des enjeux, l’examen ne sera probablement pas