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  16 | FINANCEETINVESTISSEMENT PERSPECTIVES2020 Janvier2020 Les meilleures stratégies boursières en 2020
La solide croissance de l’économie devrait créer beaucoup d’occasions.
PAR FRANÇOIS NORMAND
l’année 2020 devrait être plus favorable aux
investisseurs que 2019 étant donné que l’économie reprendra de la vigueur, affirment trois stratèges que Finance et Investissement a interviewés.
Avec cette embellie qui pointe à l’horizon, quelles sont les tendances à surveiller et, surtout, quelles sont les meilleures stratégies pour les investisseurs ?
Chacun des trois spécialistes a ciblé une tendance macroéco- nomique (pouvant influer sur l’économie) et une tendance microéconomique (pouvant influer sur les entreprises), de même que la meilleure stratégie offensive et défensive à adopter par rapport à chaque tendance. FI
     Tendance macroéconomique à surveiller: les taux d’intérêt resteront bas
«Cette situation aura un impact positif sur la croissance économique», dit-il. Selon lui, les investisseurs sous-estiment d’ailleurs le potentiel de « réaccélération de l’économie », au moins au cours des premiers mois de 2020.
Pour autant, le risque de récession n’est pas complètement écarté, mais il est faible, précise-t-il. « Si jamais ce risque devait se matérialiser, ce sera davantage en 2021. »
Stratégie offensive: miser davantage sur les actions canadiennes
Stéphane Rochon suggère de surpondérer les actions canadiennes par rapport aux actions américaines, surtout dans les ressources naturelles.
« S’il y a une accélération de l’économie en 2020, ça devrait être bon pour le secteur des matières premières et pour celui de l’énergie au Canada, qui se sont fait massacrer en 2019 », fait- il remarquer.
Les évaluations sont « très favorables » dans ces deux secteurs, ajoute-t-il. En revanche, il s’agit de domaines offensifs, car les prix sont extrêmement volatils.
Stratégie défensive: acheter l’ensemble du marché canadien
« La meilleure stratégie serait d’acheter le marché canadien dans son ensemble», dit-il. Par exemple, il recommande des transporteurs ferroviaires, comme le Canadien National et le Canadien Pacifique.
« Qu’il y ait ou non une récession, ce sont des entreprises et une industrie qui vont demeurer profitables. »
Selon lui, CGI et CAE sont aussi de bons titres défensifs, car ces sociétés ont des modèles d’entreprise forts, sont solides financièrement et génèrent beaucoup de liquidités.
Tendance microéconomique à surveiller: un environ- nement favorable au transport des hydrocarbures
Il faut surveiller la mise en place d’un environnement plus favorable au transport du pétrole et du gaz naturel au Canada, à commencer par les travaux d’expansion du pipeline Trans Mountain reliant l’Alberta à la Colombie- Britannique.
« Les investisseurs vont constater qu’on est passé d’une situation difficile en 2018-2019, où il y avait des bouchons pour transporter notamment le pétrole canadien aux États-Unis, à une situation où les choses commencent à bouger dans la bonne direction », dit-il.
Stratégie offensive: prendre une participation dans les producteurs de pétrole
Stéphane Rochon suggère d’acheter des actions de producteurs de pétrole lourd (une catégorie de pétrole brut), comme l’albertaine Cenovus, dont l’action a fondu de moitié depuis cinq ans à la Bourse de Toronto.
«Ce serait une stratégie très agressive, qui n’est pas pour tout le monde », prévient-il.
Stratégie défensive : acheter les titres des transporteursd’énergie
On peut réduire le risque en achetant les titres d’exploitants de pipelines de pétrole et de gaz naturel, tels que TC Énergie, Enbridge, Inter Pipeline et Pembina.
Les titres de ces transporteurs d’énergie sont plus prudents que ceux des producteurs de pétrole lourd, souligne Stéphane Rochon.
Stéphane Rochon
Vice-président, directeur général et chef stratège
BMO Nesbitt Burns
        Michel Doucet
Vice-président et gestionnaire de portefeuille
Valeurs mobilières Desjardins
Tendance macroéconomique à surveiller : la reprise de l’économie mondiale
«Plusieurs indicateurs avancés annoncent une reprise», insiste-t-il. Il note la baisse des tensions commerciales combinée à la stabilisation de l’économie chinoise, ainsi que la reprise anticipée du secteur automobile.
Selon lui, les banques centrales demeureront vigilantes, prêtes à intervenir au moindre signe d’essoufflement. Or, cette situation réduit le risque de récession. « Historiquement, il n’y a jamais eu de récession lorsque les conditions monétaires étaient souples », souligne-t-il.
Stratégie offensive : surpondérer les actions
«Par pays, nous recommandons de surpondérer les États-Unis et le Canada, et d’adopter une position neutre à l’égard de l’Europe.» Selon lui, la conjoncture devrait être bénéfique pour les secteurs des technologies, des services de communication et des financières.
De plus, tant que la remontée des taux d’intérêt demeure modeste, le style croissance devrait conserver l’avantage sur le style valeur.
Stratégie défensive : réduire son exposition aux titres à revenu fixe
Une stabilisation de la croissance économique mondiale ou du commerce international pourrait mener à une révision de la prime de temps, c’est-à-dire l’écart de rendement supplémentaire entre les titres à court terme et ceux à long terme, dit Michel Doucet.
«Même si elle est mesurée, la remontée des taux pourrait avoir une incidence négative sur le rendement global d’un portefeuille d’investissement adéquatement diversifié. »
Rappelons qu’une hausse des taux d’intérêt fait baisser la valeur des obligations.
Si la baisse des taux s’est avérée très bénéfique aux titres à dividendes élevés, la remontée attendue devrait leur nuire. Dans ce contexte, les titres à dividendes élevés, à faible croissance et à endettement élevé sont particulièrement vulnérables.
À ses yeux, des fonds négociés en Bourse (FNB) peu volatils sont également intéressants si l’on croit à la durée du cycle économique. Par contre, ils sont «inquiétants», car ils sont fortement exposés aux secteurs dont l’évaluation est élevée.
Tendance microéconomique à surveiller : la hausse des coûts de la main- d’œuvre
«Si la conjoncture économique générale est plutôt favorable, il sera important de surveiller l’évolution des salaires, des coûts unitaires de main-d’œuvre et de leur impact sur la rentabilité des entreprises », dit-il.
À court terme, des hausses salariales sont bénéfiques pour les consommateurs et pour les ventes des entreprises, et donc pour la vigueur de l’économie en général. Toutefois, si les entreprises n’arrivent pas à compenser les hausses salariales par des gains de productivité, les bénéfices diminueront ou l’inflation augmentera, prévient-il.
Une baisse des bénéfices exercerait de la pression sur les Bourses, tandis qu’une hausse de l’inflation forcerait les banques centrales à revoir leurs politiques monétaires, ce qui, du coup, minerait possiblement la croissance économique.
Stratégie offensive : investir dans la techno et les services de communication
Selon Michel Doucet, les entreprises des secteurs de la technologie et des services de communication devraient mieux s’en tirer.
« Ces deux secteurs subissent depuis plusieurs années une énorme concurrence pour l’acquisition et la rétention de talents. Ces entreprises investissent donc énormément dans leur productivité, ce qui stabilise leurs bénéfices. »
Stratégie défensive : miser sur l’or et les obligations à rendement réel
Selon lui, investir dans l’or et les obligations à rendement réel sont des mesures de protection à considérer, dans un contexte où il y a peu de solutions pour se prémunir contre une hausse trop rapide des coûts de la main-d’œuvre.
«Si une hausse légère de l’inflation peut s’avérer bénéfique pour les actions lorsqu’elle s’accompagne d’une croissance économique accrue, il y a peu de remèdes à une hausse plus marquée de l’inflation », relève-t-il.
      Tendance macroéconomique à surveiller : la reprise du manufacturier et la résilience des services
La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a ralenti l’investissement des entreprises et les échanges mondiaux, de sorte que la moitié des chefs de la direction financière dans le monde s’attendent à une récession en 2020, selon un sondage de l’Université Duke.
« Par contre, la bonne nouvelle, c’est que la consommation des ménages continue de croître. Elle bénéficie de la baisse continue du chômage dans les pays industrialisés», affirme- t-il.
Un contexte qui pourrait se traduire par une reprise dans le secteur manufacturier, ce qui mettrait ainsi fin « aux vents contraires avec lesquels les investisseurs ont dû composer en 2019 », dit-il.
Tendance microéconomique à surveiller : la hausse du transport de pétrole
«En attendant la ligne 3 d’Enbridge à la fin de 2020, le secteur pétrolier albertain tente d’optimiser les oléoducs existants afin d’exporter davantage. » Il faut s’attendre à une hausse des volumes de transport de pétrole par train cette année, précise-t-il.
De plus, Sébastien Lavoie affirme qu’il est possible que l’Alberta soit en mesure d’exporter quelques centaines de milliers de barils supplémentaires grâce à une meilleure utilisation de solvants dans les oléoducs.
Stratégie offensive: surpondérer légèrement l’énergie dans le S&P/TSX
Trois facteurs l’incitent à proposer cette stratégie: l’offre et la demande mondiale de pétrole sont favorables ; la santé financière des producteurs américains d’énergie s’améliore ; et les projets d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain et de construction de la ligne 3 d’Enbridge.
Pour autant, une surpondération ne fait pas partie de ses scénarios de base en ce moment, « mais le vent pourrait tourner de manière favorable », précise-t-il.
Stratégie défensive : investir dans la consommation
Selon lui, plusieurs facteurs sont favorables actuellement à la consommation.
Il s’agit notamment de l’effet retardé des baisses de taux d’intérêt aux États-Unis, de l’accélération de la croissance des salaires, de même que de la bonne tenue du marché du travail américain.
«Le secteur de la consommation de base est davantage soutenu que les autres secteurs en raison de l’élan positif sur le plan des prix et des bénéfices », dit-il.
    Stratégie
offensive :
acheter
les multinationales
américaines
Surpondérer légèrement les actions par rapport aux
obligations est une bonne stratégie, car la majorité des banques centrales ont récemment baissé leur taux directeur. «Les marchés émergents et les entreprises américaines exposées au commerce mondial pourraient s’avérer plus profitables », souligne Sébastien Lavoie.
Quant au marché obligataire, il recommande les titres à revenu fixe à court terme, car ils pourraient s’avérer plus résilients que ceux à long terme.
Stratégie défensive : chercher des entreprises résilientes
Si jamais l’économie ralentit, il propose de choisir des entreprises en bonne santé financière. Selon lui, investir dans le secteur immobilier est aussi une bonne stratégie.
En fait, les placements immobiliers sont attrayants dans un environnement de faibles taux d’intérêt. Aussi, ils diminueraient l’écart-type d’un portefeuille d’investissement, étant donné leur faible corrélation avec les actions et les titres à revenu fixe.
Sébastien Lavoie
Économiste en chef
Valeurs mobilières Banque Laurentienne
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