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L’ESG dans ma pratique : une jeune conseillère convaincue
 DÉVELOPPEMENT
DES AFFAIRES
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MI-NOVEMBRE 2020 | PAGE 9
     Si Ann-Rebecca Savard n’est conseillère que depuis près de deux ans, elle a déjà réussi à faire sa place, notamment grâce
à l’investissement responsable.
PAR ALIZÉE CALZA
l’écologie a toujours fait
partie des valeurs fondamentales d’Ann-Rebecca Savard, mais elle admet ne s’être vraiment inté- ressée à l’investissement respon- sable (IR) qu’à la suite d’une ren- contre avec un client.
Cet événement décisif pour le reste de sa carrière a eu lieu au moment où elle commençait à peine à pratiquer. Ce client était le fils d’un client de son père (Gino-Sébastian Savard) et il s’y connaissait bien en placement. Alors qu’elle-même était stres- sée, «parce qu’à l’époque c’était toujours le cas dans les premières rencontres», il a commencé à poser des questions très pointues.
Si ces questions ont assu- rément sorti Ann-Rebecca Savard de sa zone de confort, la conseillère aux ventes et à l’investissement chez MICA Cabinets de services financiers ne s’est pas démontée et a réus- si à nourrir la discussion jusqu’à ce qu’il lui demande si elle était capable d’ajouter des fonds verts ou d’IR à son portefeuille.
« Ça faisait quelques mois que j’étais sortie de l’université, je ne connaissais pas encore tous les produits qui existaient et, en fait, je ne m’y connaissais pas du tout en fonds ESG [qui prennent en compte les facteurs environne- mentaux, sociaux et de gouver- nance]», raconte-t-elle.
Honteuse de ne pas avoir réus- si à lui en parler, elle s’est infor- mée sur le sujet, ce qui a piqué son intérêt. « J’ai fait toutes les recherches et analyses par rap- port à ça, et maintenant ça constitue le fond de mon ex- pertise », relate la conseillère qui est maintenant membre de l’Association pour l’investisse- ment responsable (AIR) et a suivi le cours de spécialiste en IR.
Aujourd’hui, ses propres place- ments sont à 100% dans des fonds ESG, verts ou thématiques et elle aborde toujours ce sujet avec ses clients.
« Juste de voir le chemin qu’on est capable de parcourir en aussi
peu de temps, c’est incroyable », commente-t-elle en riant.
UNE FAÇON PEU BANALE D’ABORDER LE SUJET
« Quand je rencontre les clients pour la première fois, je leur parle tout le temps un peu d’ESG. Souvent, c’est un moment d’en- gouement, parce que les gens qui m’entourent me ressemblent et sont très intéressés par ces inves- tissements», déclare Ann-Rebecca Savard.
La façon dont elle aborde le sujet ESG avec ses clients n’est pas banale. Elle-même la décrit comme étant une « approche caméléon». Elle leur pose ainsi des questions de base au sujet de leur voiture ou sur leurs sentiments par rapport aux nouveaux règlements sur le compostage.
«Beaucoup se demandent pour- quoi je leur pose ces questions », s’amuse la conseillère. Selon les ré- ponses qu’ils donnent, elle adapte ensuite la discussion. Ainsi, si la personne dit haïr le compost, elle n’aborde tout simplement pas le
sujet, mais si au contraire elle pos- sède une voiture hybride et fait son propre compost, elle lui propose de mettre une partie de ses place- ments dans des titres ESG ou verts.
Ses publications sur les mé- dias sociaux lui offrent une autre façon de s’assurer de l’intérêt de ses clients pour l’IR tout en les édu- quant. Si les personnes aiment ou commentent, elle les contacte pour savoir si cela les intéresse d’avoir des placements ESG.
Ann-Rebecca Savard met tou- tefois un point d’honneur à ne pas brusquer ses clients. Si elle sent qu’ils ne sont pas assez à l’aise avec ce type de placements, elle leur propose d’attendre leur prochaine rencontre pour se lancer, ou tout simplement d’allouer une moins grande partie de leur portefeuille à l’ESG.
LES TYPES DE PRODUITS
Si Ann-Rebecca Savard recon- naît que les fonds d’obligations ESG l’intéresseraient, elle déplore le fait qu’il n’y en ait pas davantage. Les obligations vertes sont ainsi
très rares, et lorsqu’on en lance une, toutes les sociétés d’investis- sement se jettent dessus, ce qui en fait augmenter le prix.
Elle-même privilégie donc la gestion active. La pandémie ac- tuelle semble valider son choix : «C’est vraiment dans les situations comme celle-là qu’on voit que l’al- location d’actifs d’un bon gestion- naire de portefeuille va avoir un effet décisif», affirme-t-elle.
Elle choisit également des fonds qui effectuent de l’IR par facteurs d’exclusion. « Pour moi, c’est la meilleure façon. C’est comme évi- ter d’acheter d’une certaine entre- prise parce qu’on ne veut pas l’en- courager», ajoute-t-elle.
UNE VÉRITABLE FAÇON DE PENSER
Ann-Rebecca Savard est convaincue que l’avenir des rende- ments est dans l’IR et les facteurs ESG. Elle est sûre qu’un jour, en raison de l’urgence environne- mentale, les entreprises n’auront pas d’autre choix que de devenir responsables.
«Certaines entreprises se disent depuis une dizaine d’années qu’elles vont augmenter leurs technologies en télétravail et fonc- tionner sans papier, mais elles ne le font pas parce qu’elles n’ont pas l’obligation de le faire. Mais quand une crise arrive, comme celle du coronavirus, l’urgence est là et ça les force à agir concrètement et très rapidement», dit-elle.
Selon elle, à un moment donné, ces critères-là vont tellement aller de soi que l’acronyme ESG ne voudra plus rien dire. Pour le moment, elle estime que c’est son rôle d’expliquer à ses clients ce qu’est l’IR pour les pousser à se lancer là-dedans.
«En tant que conseillère en in- vestissement, la seule chose sur laquelle j’ai du contrôle pour aider le plus possible, c’est dans mes recommandations à mes clients. Actuellement, tous mes clients investissent dans plusieurs pro- duits d’IR. Je me dis qu’il y a un peu d’argent qui vient de mes clients dans plusieurs causes », conclut-elle. FI
      L’OCRCVM réagit à une transformation accélérée du secteur
L’organisme explique comment dans son récent rapport annuel.
JULIE-MARTINE LORANGER*
juridique
l’organisme canadien de
réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM) a récemment publié son rapport annuel 2019-2020, qui, entre autres, fait état des incidences de la crise de la COVID-19 sur les marchés finan- ciers et sur la réglementation. Le rapport présente la façon dont l’organisme prévoit suivre la transformation du secteur dans le cadre de son plan stratégique, divulgué en juin 2019.
Même avant la survenance de la pandémie de COVID-19, l’OCRCVM travaillait déjà afin de s’adapter à l’évolution des
services-conseils financiers. Cependant, il rapporte que la crise sanitaire a accéléré les changements dans la façon dont les Canadiens consomment les produits et conseils financiers. Cela a mené à une transforma- tion rapide de l’ensemble du sec- teur afin de répondre aux besoins des investisseurs. L’OCRCVM et les organismes de réglementation doivent travailler afin de suivre ce rythme accru.
En plus de l’évolution accélérée du secteur, l’organisme souligne que la pandémie expose à un sur- croît des risques opérationnels, risques de crédit, risques de liqui- dité et risques de marché. Pris en- semble, ces facteurs mènent à une transformation qui vise à établir un modèle d’autorégle- mentation plus efficace et mieux outillé pour protéger et servir les investisseurs.
L’OCRCVM a donc accompli plusieurs actions cette année afin d’améliorer rapidement le mo- dèle d’autoréglementation et d’accroître son efficacité :
• La transition à une nouvelle plateforme de services numériques pour améliorer l’infrastructure interne des technologies de l’infor- mation et renforcer la protection des informations ;
• Le déploiement d’une nouvelle technologie de surveillance ;
• L’étude de la possibilité d’avoir recours à l’intelligence artificielle en vue d’améliorer l’efficacité de ses capacités de gestion des alertes ;
• L’établissement d’un groupe de travail interfonctionnel formé de cadres supérieurs de l’OCRCVM visant à faciliter l’accès des inves- tisseurs aux services et à réduire le fardeau réglementaire inutile ;
• La création d’une équipe de gestion de crise qui a mis en œuvre un programme de télétravail tout en assurant le maintien des fonc- tions de réglementation et des ca- pacités de l’OCRCVM ;
• La publication de notes d’orien- tation sur les signatures électro- niques, sur le recours approprié à la technologie pour la surveillance de l’ouverture des comptes par les courtiers offrant des services d’exé- cution d’ordres sans conseils, sur le rôle des notes d’orientation et sur la conservation des dossiers de plaintes sous forme électronique.
L’OCRCVM a également offert de l’aide directement à ses membres confrontés à des difficul- tés en raison de la pandémie :
• Il a offert 112 dispenses à plus de 66 courtiers membres qui de- vaient faire face à des problèmes liés à la conformité en raison de la
pandémie (par exemple, portant sur la surveillance des comptes des personnes inscrites, les exi- gences relatives à la vérification du client, les procédures d’audit, entre autres) ;
• L’organisme a reporté le paie- ment des cotisations pour les courtiers membres de petite et moyenne tailles ;
• Il a annoncé le maintien des cotisations au même niveau pour l’exercice, étant donné la durée et la nature imprévisible de la pan- démie à l’échelle des territoires.
Dans le cadre de cette transfor- mation, l’OCRCVM affirme qu’il est devenu un organisme « plus souple, plus efficient et mieux ou- tillé pour veiller à l’intérêt public» et se dit plus flexible et attentif quant aux besoins des investis- seurs et de ses membres. L’orga- nisme prévoit poursuivre dans cette voie pour «établir une struc- ture plus efficiente et efficace qui engendrera au bout du compte de meilleurs résultats pour les Canadiens». FI
*Julie-Martine Loranger, associée chez McCarthy Tétrault S.E.N.C.R.L., s.r.l. avec la collabora- tion de Me Dominique Paiement. Le présent article ne constitue pas un avis juridique.
   








































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