Page 7 - Newcom
P. 7
FI
Revitaliser la part obligataire d’un portefeuille
PRODUITS ET
NOVEMBRE 2020 | PAGE 7
ASSURANCE
PAGE 7
Les fonds alternatifs liquides obligataires ont plus d’outils pour générer du rendement.
PAR YAN BARCELO
le contexte actuel fait
travailler très fort les gestion- naires de fonds, dit Phil Mesman, associé principal et chef des stra- tégies, titres à revenu fixe, chez Picton Mahoney.
«Si j’étais un gestionnaire de fonds classiques, je partirais à la retraite, lance-t-il. Pour produire du rendement, il faut plus d’outils à sa disposition.»
Les fonds de notre palmarès possèdent ces outils. Il s’agit de la catégorie des fonds alternatifs li- quides obligataires. Leurs gestion- naires peuvent investir dans n’im- porte quel titre obligataire dans le monde. Surtout, ils ont la possi- bilité de recourir au levier finan- cier (jusqu’à trois fois l’actif sous gestion), de vendre à découvert (jusqu’à 50% de l’actif) et d’utiliser au besoin d’autres instruments al- ternatifs (swaps sur défaillance de crédit, options, contrats à terme).
RENDEMENT SUPÉRIEUR
Toutefois, ce n’est pas parce que le cadre réglementaire leur permet d’utiliser ces outils qu’ils le font né- cessairement. Par exemple, les trois gestionnaires à qui nous avons parlé utilisent peu le levier financier.
Steve Locke, gestionnaire du Fonds à rendement absolu de titres de créance chez Placements Mackenzie, dépasse rarement 50% de l’actif. Et il le fait seulement pour accroître le rendement dans des titres de qualité catégorie investis- sement. Pour sa part, Sandy Liang n’a pas du tout recours au levier. « Nous sommes des investisseurs, pas des amplificateurs de risque », indique le gestionnaire du Fonds d’occasions de crédit Purpose chez Purpose Investments.
D’emblée, on pourrait croire que ces gestionnaires font leurs choux gras essentiellement de la vente à découvert, surtout dans le marché actuel où tant d’entreprises sont en détresse. Ce n’est pas le cas.
« Oui, nous générons du re- venu avec la vente à découvert, mais nous y recourons surtout pour gérer le risque », explique Phil Mesman, qui gère le Fonds alternatif fortifié de revenu Picton Mahoney. Il faut se rappeler que la vente à découvert d’obligations « signifie de sacrifier la valeur du coupon», souligne Sandy Liang.
Cependant, dans la mesure où « les coupons réguliers financent les coupons à découvert dans
l’équilibre général du portefeuille», la vente à découvert sert autant au rendement qu’à procurer une « police d’assurance » au porte- feuille, fait ressortir Phil Mesman. Ainsi, un gestionnaire peut, d’un côté, acheter l’obligation d’une société, de l’autre vendre à décou- vert l’action de cette même société, ou vendre à découvert la denrée de base qu’elle négocie (pétrole, or, etc.).
Ce jeu de manipulation d’outils alternatifs en vaut-il la chandelle? Les trois fonds de nos interlocu- teurs investissent dans tous les types de titres obligataires, sauf celui de Sandy Liang, spécialisé
création il y a six ans (au 31 août 2020), comparativement à 3,3 % pour son indice de référence (Bloomberg Barclays High Yield).
Le Fonds alternatif fortifié de revenu Picton Mahoney, de son côté, affiche un rendement com- posé annualisé de 5,8 % depuis sa création en juillet 2019 (au 30 septembre 2020), comparati- vement à 4% pour son indice de référence (un composite de deux indices mondiaux).
Le potentiel de capture à la hausse de ces fonds n’est pas mi- robolant. Par exemple, il s’établit à 0,47 pour le fonds de Picton Mahoney, mais il est compensé
Ces conditions font que, par exemple, les entreprises en détresse peuvent être « sauvées » à l’improviste par la banque cen-
Les trois gestionnaires se pré- parent pour une reprise suscep- tible de favoriser grandement leurs stratégies. Phil Mesman
Fonds alternatifs liquides d’obligations
NOM DES FONDS
Données en date du 31 août 2020
Rendement composé, 2020 (%)
Rendement composé, 1an(%)
Rendement composé, 3 ans (%)
Rendement composé, 5 ans (%)
Ratio de Sharpe 1 1an
Ratio Bêta 2 1an
Fonds alternatif d’obligations à rendement absolu CI Marret (parts de la série A)
7,06
3,79
-
-
0,76
0,34
Fonds à rendement absolu de titres de créance Mackenzie série A
4,19
4,29
-
-
0,74
0,56
Fonds alternatif fortifié de revenu Picton Mahoney catégorie A
3,53
5,65
-
-
0,54
0,97
Mandat privé de titres à revenu fixe opportuniste Sun Life série A
5,00
5,83
1,36
-
0,53
1,11
Fonds à rendement absolu de titres de créance Dynamique II série A
3,49
4,15
-
-
0,35
1,05
Fonds alternatif de titres de crédit de qualité supérieure CI Lawrence Park (parts de la série A)
0,57
2,19
-
-
0,16
0,95
Fonds alternatif de revenu CC&L série A
3,01
1,65
-
-
0,10
1,47
Fonds de revenu alternatif Venator parts de catégorie A
-2,89
-1,05
2,19
3,85
0,04
2,23
Fonds d'occasions de crédit Purpose série A
6,43
-
-
-
-
-
Guardian Strategic Income Fund Series I
5,24
-
-
-
-
-
1. RATIO DE SHARPE: UN RATIO PLUS ÉLEVÉ INDIQUE UN MEILLEUR RENDEMENT EN FONCTION DU RISQUE SUBI. CETTE COLONNE ORGANISE LE CLASSEMENT.
2. RATIO BÊTA: UN RATIO MOINS ÉLEVÉ INDIQUE UNE PLUS FAIBLE VOLATILITÉ QUE CELLE DU MARCHÉ DE RÉFÉRENCE.
SOURCE: FUNDATA CANADA TABLEAU FINANCE ET INVESTISSEMENT
Oui, nous générons du revenu avec la vente à découvert, mais nous y recourons surtout pour gérer le risque.
– Phil Mesman
par un potentiel de capture à la baisse très faible (0,29). Le fonds géré par Sandy Liang est celui qui se distingue le plus : « Notre rendement his- torique est à peu près de 80 % du
trale. Il en résulte «qu’il est très difficile de vendre à découvert à ce moment-ci », constate Steve Locke. Quant aux bas taux, « ça fait 10 ans que nous vivons dans cet environnement », dit-il.
Aucun des gestionnaires in- terviewés ne prétend que son fonds peut servir de base à la par- tie obligataire d’un portefeuille. Par contre, une gestion serrée du risque et une sélection judicieuse de titres peuvent faire qu’un tel fonds n’occupe pas une place mar- ginale du portefeuille. Comme le dit Phil Mesman, « nous sommes une base étendue [core plus]».
occasions de vente à découvert. Sandy Liang se frotte les mains face à ce qui lui apparaît comme un nouveau cycle éco- nomique, où les taux vont inévi- tablement remonter. Mauvaise nouvelle pour les fonds obliga- taires classiques, mais bonne nouvelle pour un fonds comme le sien. D’autant plus que « dans l’histoire du marché à haut ren- dement, en période de hausse de taux, celui-ci a surperformé les titres de qualité catégorie investissement 93 % du temps », dit le gestionnaire de Purpose Investments. FI
Nous sommes des investisseurs, pas des amplificateurs de risque.
– Sandy Liang
prévoit une re- prise en forme de K, où les situa- tions de détresse vont se multi- plier, et multi- plier du coup les
dans les obligations à haut rende- ment (32 % du portefeuille). Tous obtiennent une performance supérieure à celle des fonds obliga- taires traditionnels.
Et même, comme l’indique Steve Locke, «nous nous attendons à obtenir un rendement d’environ 150 points de base supérieur à celui d’un fonds classique. Nous visons à obtenir l’équivalent en rendement d’un fonds d’obligations à haut ren- dement, mais avec moins de vola- tilité et une plus faible corrélation au marché des actions. » (Il faut évidemment tenir compte du fait que la plupart de ces fonds existent depuis tout au plus un an et demi.)
Pour sa part, avec un fonds axé sur les titres à haut rende- ment, Sandy Liang dit viser un rendement absolu de 3 % à 7 % annuellement. Mais il a fourni une meilleure performance. Son fonds affiche un rendement com- posé annualisé de 8,8 % depuis sa
S&P 500, mais avec moitié moins de volatilité. »
Le comportement des trois fonds lors de la chute de mars dernier est éloquent. Le fonds de Purpose a accusé la plus forte baisse, soit -9,2 %. Celui de Mackenzie a encore mieux résisté, avec une baisse de -2,2 %. Tous se sont bien rétablis depuis, leur rendement pour l’année en cours s’élevant par exemple à 4,6 % pour le fonds de Mackenzie (au 31 août 2020), et à 7,65 % pour celui de Purpose (au 30 sep- tembre 2020).
PRÊTS POUR LA REPRISE
La période actuelle se distingue par deux lignes de force : d’une part, les taux d’intérêt sont à un creux jamais vu, et d’autre part, les banques centrales soutiennent le marché, créant des conditions artificielles où les «lois du marché» n’opèrent plus.
BRÈVES EN ASSURANCE
Humania lance une T100 pour les cas difficiles
En matière de produits d’assurance vie, les clients difficilement assurables disposent désormais d’un choix accru à la suite du lancement par Humania Assurance d’une T100 sans examen médical. Ce produit cible nommément les personnes ayant une caractéristique telle que le diabète, un dossier criminel, un surpoids, le VIH, un problème cardiaque, une consommation excessive de drogue ou d’alcool, la pratique d’un sport extrême ou le fait d’avoir un métier à risque. Pouvant être souscrite entre 18 et 70 ans, la T100 comporte un capital assuré allant de 5 000 $ à 50 000 $. Il n’y pas d’avenant de remboursement de primes. Les clients peuvent se faire une très bonne idée de la prime pouvant être payée en se rendant sur le site d’Humania (https://assem.humania.ca/soumission-en-ligne). Le Guide du produit précise que les titulaires de T10 et de T20 peuvent transformer leurs polices en T100 avant l’âge de 65 ans, sans preuve d’assurabilité. Ce droit de transformation peut s’exercer pour un montant maximal de 50 000 $.
Par Jean-François Barbe