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 CONSEILLER.CA 7
 DÉONTOLOGIE
 Celui-ci est accusé d’appropriation financière. Il clame son innocence en avançant une erreur de la part de sa cliente. L’enquête du syndic montre d’autres dépôts d’argent. «Des clients que j’avais aidés et qui m’ont remboursé», affirme le conseiller, ce qui reste tout de même interdit.
Radié temporairement, réputation perdue
L’accusation est grave. Réjean Talbot se voit radié temporairement en juillet 2015 pour une durée indéterminée. Pris dans la tour-
mente, il accélère le processus de transmission de son bloc de clientèle. Il ne peut plus exercer: autant transfé- rer tout de suite ses affaires. Il présente le repreneur à sa clientèle. La mise en œuvre de l’entente est accélérée... sauf qu’un nouvel accord est rédigé.
« J’ai oublié d’activer les clauses de la première entente. J’en ai accepté de nouvelles », dit-il. Mais ces conditions-là sont bien moins intéressantes. L’affaire finira devant la cour en 2019, qui attribuera un montant à Réjean Talbot... moindre que ce qu’il espérait.
Quand il se retrouve condamné, trois ans après sa radia- tion temporaire, la réputation du conseiller est ternie. L’af- faire a été largement médiatisée dans les réseaux grand public. Son nom est associé à du vol et de l’abus financier sur des personnes âgées, même s’il est mentionné que personne n’a perdu d’argent. Les articles relèvent qu’il a reconnu sa culpabilité.
« Ça m’a beaucoup affecté », témoigne-t-il, en précisant qu’aucun journaliste ne l’a contacté avant de relater le juge- ment dans les médias.
Il décide de cesser ses activités de bénévolat, notamment la fondation qu’il avait créée pour apporter de l’aide aux per- sonnes en difficulté financière. Il laisse son poste d’adminis- trateur d’une entreprise cotée à la Bourse de Toronto «pour ne pas ternir sa crédibilité», dit-il.
Rares sont les acteurs de l’industrie qui prennent de ses nouvelles. «Très peu m’ont appelé, pour ne pas dire per- sonne. C’est comme si j’étais devenu contagieux. Tout ce qui reste dans l’esprit des gens, c’est que tu es un voleur. »
Réjean Talbot garde un pied dans son ancien métier en travaillant comme mentor auprès d’une conseillère. « Ça lui a nui dans un premier temps», note-t-il. Certains appellent ses partenaires d’affaires pour la décrédibiliser, affirme-t-il.
Des leçons à retenir
S’il pouvait revenir en arrière, Réjean Talbot aurait assurément agi différemment. «C’est pour cela que je veux témoigner,
– Serge Létourneau, avocat à LLB Avocats
pour prévenir d’autres conseillers de faire attention aux erreurs qu’ils pourraient commettre; ne sous-estimez pas les gestes que vous posez», prévient-il.
Et il se serait défendu différemment... «Jamais je n’au- rais dû plaider coupable, martèle-t-il. J’aurais pu amener des témoins qui auraient démontré que je n’avais pas essayé de frauder, que personne n’avait perdu un sou. »
Les efforts de son avocat pour le convaincre de se défendre se sont heurtés à son angoisse. «J’étais à terre. Je voulais vraiment me libérer de tout ça, au plus vite. De toute façon, je n’avais plus le droit de parler à aucun client », dit-il.
Quant à l’origine de ses ennuis, M. Talbot en garde une leçon, qu’il est trop tard pour appliquer à lui-même: «Signer à la place d’un client, lui avancer de l’argent, ce sont des gestes à ne jamais poser. Cela vous pour- suivra toute votre vie, jusque dans votre propre famille, détaille-t-il. Vos clients veulent des conseils judicieux, de la sécurité. N’essayez pas de leur décrocher la lune. Ce n’est pas ça qu’ils attendent de vous.»
Aujourd’hui âgé de 66 ans, Réjean Talbot vit de ses revenus de retraite et de l’argent provenant de la vente de sa clientèle. Mais il doit débourser 63 000 $ de frais annuels pour la résidence spécialisée de sa conjointe. L’an- cien représentant, qui a passé des décennies à conseil- ler sa clientèle dans la préparation de leurs vieux jours, se retrouve face à la perspective de l’épuisement de ses ressources financières. «Ce ne sera pas long avant que je passe à travers mes réserves», confie-t-il.
La publicité, pire sanction
Nombre de conseillers peuvent apprendre de l’histoire de Réjean Talbot. Même une affaire mineure fait l’objet d’audiences publiques, rappelle Serge Létourneau, avo-
cat à LLB Avocats.
«Les sanctions disciplinaires peuvent avoir des consé-
quences désastreuses sur la réputation du conseiller, d’au- tant que certaines mesures font l’objet de publications dans des revues spécialisées, souligne-t-il. La publicité est souvent la plus grande des sanctions.» Et c’est sans compter que des médias grand public peuvent s’emparer d’une affaire qui n’avait fait que quelques lignes dans un hebdomadaire local.
Une enquête du syndic de la CSF peut porter sur des infractions variées. Les plus graves, comme la fraude ou l’appropriation de fonds, sont évidemment plus incen- diaires pour la réputation. «L’honnêteté est le bien le plus précieux du conseiller, souligne Me Létourneau. Si elle est mise en doute, le contact se rompt quasi définitivement.
« Ne pas réagir, c’est se condamner une deuxième fois. »
     Les experts
Serge Létourneau
Avocat à LLB Avocats
Michel
Mailloux
Planificateur financier et formateur en déontologie
Réjean
Talbot
                  Ancien conseiller
 






























































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