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 6 JUIN 2020
 DÉONTOLOGIE
  Se relever quand la réputation est ternie
 Parce qu’ils ont commis des entorses à la déontologie, des conseillers se retrouvent interdits de poursuivre l’exercice de leur métier, définitivement ou provisoirement. En 2018,
le comité de discipline de la Chambre de la sécurité financière (CSF) a imposé 22 radiations permanentes et 131 radiations temporaires. Derrière ces statistiques se cachent des histoires humaines, qui peuvent servir de
leçon à ceux qui ne sont jamais passés par là.
par Didier Bert
Réjean Talbot a exercé durant 42 années dans l’indus- trie des services financiers. «J’ai commencé ma carrière en 1973 chez Desjardins comme simple commis caissier », précise-t-il. Dix-huit ans plus tard, il quitte son emploi de directeur d’une caisse populaire pour lancer sa propre entreprise de services financiers.
Planificateur financier, conseiller en sécurité financière, représentant de courtier en épargne collective, conseiller en assurance et rentes collectives, M. Talbot a développé son bloc d’affaires au fil des années. En fin de carrière, le conseiller a recruté un plus jeune représentant en vue de le lui transférer.
Il avait tout prévu pour se retirer de son entreprise l’es- prit tranquille, sa clientèle entre de bonnes mains, question de pouvoir profiter de sa retraite grâce aux fruits d’une vie à conseiller ses clients. Mais pour que ce scénario se réa- lise, il aurait fallu qu’il évite de commettre des erreurs qui ont coulé son plan... et transformé ses dernières années de pratique en cauchemar.
Trois fois devant le comité de discipline
En 2013 et 2014, le syndic de la Chambre de la sécurité financière déclenche succes- sivement deux enquêtes sur Réjean Talbot.
Dans le premier dossier, la plainte comporte 13 chefs d’accusation concernant trois consommateurs pour avoir effectué des opérations sans autorisation préalable, avoir fait défaut d’établir un profil d’investisseur, ne pas avoir fourni d’information complète, avoir agi à l’encontre de l’in- térêt de clients et avoir ajouté des informations après la signature d’un client. Certains faits remontent à dix ans.
En 2018, M. Talbot sera acquitté de deux chefs d’accu- sation (avoir effectué des transactions dans le compte d’un client sans autorisation préalable et ne pas avoir fourni d’in- formation objective et complète sur les fonds communs de placement souscrits) et recevra une radiation effective d’un mois pour l’ensemble des 11 autres chefs d’accusation.
Dans le deuxième dossier, un chef d’accusation vise le conseiller pour ne pas avoir agi dans l’intérêt d’un client, décédé depuis; c’est la veuve du client qui s’est plainte à la CSF. M. Talbot plaide coupable et sera condamné à une radiation temporaire de six mois en 2016, six ans après les faits.
Puis une troisième plainte est déposée: la fille d’une de ses clientes se plaint que sa mère âgée a rédigé un chèque au nom du conseiller. C’est une employée d’une succursale d’institution financière qui aurait incité la dame à porter plainte en 2015, comme cela se fait fréquemment pour des raisons de concurrence, estime M. Talbot.
    


















































































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