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28 FÉVRIER 2020
LA CHRONIQUE PL. FIN.
en collaboration avec
Et si le profil d’investisseur était dépassé ?
par
Amine Chbani
s’agit plutôt de les superposer, ce qui reste parfaitement compatible avec l’investis- sement fondé sur la théorie moderne du portefeuille.
La planification de la retraite
L’objectif du financement de la retraite pourra être décomposé en plusieurs montants, par exemple celui nécessaire pour payer les dépenses essentielles à la retraite, celui pour les voyages, celui pour les loisirs, etc. Chaque montant pourra être géré de manière person- nalisée pour réaliser cet objectif, par degré d’importance.
Cette décomposition, qui peut sembler banale et qui est l’élément central de la PBO, a permis selon certaines études2 d’augmen- ter de plus de 15 % les actifs disponibles pour financer la retraite lorsqu’on la compare à la stratégie traditionnelle.
Soyons clairs, la relation conseiller-client est déterminante pour cerner tous les élé- ments nécessaires à l’atteinte des objectifs financiers et une bonne communication per- met de la solidifier. La PBO peut transformer de façon importante les stratégies que les conseillers proposent à leurs clients.
Plus spécifiquement, avec l’approche PBO, le conseiller travaille comme d’habitude avec le client afin de déterminer le montant de son investissement initial, son horizon de place- ment et son objectif financier à la fin de cette période, mais aussi la probabilité acceptable d’atteindre cet objectif.
La finance comportementale vient ainsi modifier sensiblement la planification, la répartition de l’actif, ainsi que la création et l’exécution des stratégies financières. C
Amine Chbani, MBA, Pl. Fin., est président de FinEduc Performance.
Les théories financières traditionnelles,
telles que l’efficience des marchés ou le modèle d’évaluation des actifs financiers, partent du principe que les investisseurs agissent de manière rationnelle et optimale. Or, depuis quelques années, les économistes les remettent en question, constatant des anomalies en Bourse et des biais chez les investisseurs les amenant à prendre des déci- sions loin d’être rationnelles.
Quatre exemples concrets Volatilité des marchés: la volatilité ne peut être expliquée ou anticipée par la théorie de l’efficience des marchés. Cette anomalie a été présentée la première fois par le prix Nobel d’économie 2013, Robert Shiller.
Aversion au risque : les investisseurs sou- haitent davantage éviter les pertes qu’obtenir des gains. Cela les amène à fuir le risque. Ceux qui souffrent de ce biais tendent à gar- der un « mauvais » placement jusqu’à ce qu’ils récupèrent leurs pertes, même si les prévi- sions sur ce titre sont pessimistes.
Biais d’affinité: c’est un préjugé émotion- nel qui a des répercussions sur le traitement de l’information. On le définit comme la ten- dance à prendre une décision d’investisse- ment peu rentable en fonction de ses valeurs. C’est le cas, par exemple, du « biais national », lorsque l’investisseur privilégie les actions de son pays d’origine. On présente aussi un biais d’affinité quand on achète des actions de détaillants chez qui on magasine ou qui, selon nous, auront des conséquences positives sur le monde, peu importe les perspectives de rendement futur.
Comptabilité mentale: il s’agit d’un biais cognitif de traitement de l’information. Les investisseurs classent et regroupent les actifs dans des comptes mentaux distincts, attribuant ainsi une valeur différente à l’argent
selon sa source ou son utilisation projetée. Par exemple, les gens ont tendance à dépenser plus lorsqu’ils utilisent des cartes de crédit plutôt que de l’argent comptant.
Un peu de perspective
La finance comportementale vient compléter les théories classiques en cherchant à expli- quer et utiliser ces anomalies et biais. Ainsi, les professionnels de la finance associaient traditionnellement la notion de risque à l’écart type d’un portefeuille. De leur côté, les inves- tisseurs évaluent généralement le risque selon la probabilité de ne pas atteindre leurs objec- tifs. Cette distinction est importante: réduire l’écart type du portefeuille des investisseurs augmente le risque de ne pas atteindre leurs objectifs parce qu’on attend moins de rendement.
La planification basée sur les objectifs (PBO) ou «goals-based planning»1 fait partie de la solution. En planification financière «tra- ditionnelle», le conseiller cherche à connaître les objectifs de son client, puis lui pose des questions destinées à déterminer sa tolérance au risque. Il lui suggérera ainsi un portefeuille avec un écart type en conséquence.
La PBO part aussi des objectifs du client, mais elle utilise ses biais, comme la comptabi- lité mentale, pour l’inciter de manière positive à ne pas repousser ses décisions financières et atteindre plus souvent ses buts. Lorsque l’émotion est attachée à l’objectif du client, les choix se font différemment.
Avec l’approche PBO, il faut bien entendu chercher à comprendre quels sont les objec- tifs du client, mais aussi déterminer jusqu’à quel point celui-ci tient à les atteindre. Cela peut conduire à des conseils différents.
L’incorporation de stratégies basées sur les objectifs ne signifie pas abandonner la répartition d’actif basée sur les risques. Il
1 Journal of Investment Management, « A new approach to goals-based wealth management », bit.ly/2ta719N
2 Journal of Financial Planning, « The Value of Goals-Based Financial Planning », bit.ly/38E5qJI
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