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Le nouveau DG de Finance Montréal
Mi-octobre2020
«Le métier change très rapide- ment. On ne peut pas parler de techno en finance sans parler des emplois qui y sont reliés», constate Jacques Deforges.
Finance Montréal s’intéresse aussi de près à la relève. L’orga- nisme a mis sur pied l’année der- nière le Comité Jeune, composé d’une quinzaine de membres et parrainé par le président et chef de la direction de Desjardins, Guy Cormier. Ce comité a pour but de promouvoir l’industrie financière et d’attirer de nouveaux talents.
En juillet dernier, le comité a créé le site Compte sur toi pour inciter les jeunes à se lancer dans une carrière en finance. La page d’accueil du site dit leur offrir «une liste d’outils pour te guider financièrement dans toutes tes décisions importantes afin que tu puisses réaliser tous tes projets à court et à long terme».
Finance Montréal veut égale- ment réunir les responsables des technos et les responsables des res- sources humaines de ses organisa- tions membres afin de déterminer des initiatives porteuses pour faire avancer les choses.
«On va également faire béné- ficier la communauté d’études, d’événements, de mise en contact et de réseautage pour augmenter les interactions entre les membres. À partir de là, je pense que des ini- tiatives concrètes vont émerger cet automne et en 2021, qu’on pour- ra ensuite démarrer avec l’appui des membres », explique Jacques Deforges.
RAYONNEMENT INTERNATIONAL
En plus de ces trois piliers d’ac- tion, Jacques Deforges tient à souli- gner le travail de l’équipe du Centre financier international (CFI), dont le rôle est d’amener les grandes so- ciétés financières internationales à s’établir à Montréal.
«L’équipe du CFI a un rôle très important pour la relance », appuie-t-il.
Depuis le début de l’année, l’équipe a réalisé plus d’une cen- taine de rencontres virtuelles avec toutes sortes de gens partout dans le monde afin de « vendre » Montréal, relate Jacques Deforges.
Il souligne que la COVID n’a nullement nui à l’attractivité de la métropole québécoise. « Je reste optimiste à moyen terme pour ce potentiel-là», conclut-il. FI
d’investissement était un concept innovateur il y a une gé- nération, alors que c’est mainte- nant pratique courante, illustre Dustyn Lanz. L’intégration des facteurs ESG finira par devenir un argument de base pour les conseillers qui espèrent attirer et conserver des clients, prédit-il.
«Les clients sont vraiment intéressés par les facteurs ESG, constate Melanie Adams. Mais tous les conseillers ne sont pas toujours prêts à parler aux clients [d’ESG]. »
Si vous ne vous êtes pas prépa- ré à aborder les questions d’ESG avec les clients, c’est peut-être le bon moment pour le faire.
«Vous devez en fait avoir un processus [ESG] réfléchi, conclut Kevin Prins. C’est un change- ment fondamental pour toute l’industrie. » FI
Traduction d’un article d’Investment Executive
Technologie, finance durable et ressources humaines figurent parmi ses priorités.
PAR ALIZÉE CALZA
la pandémie et le
confinement ont été un véritable défi pour Jacques Deforges et Finance Montréal, qu’il dirige de- puis décembre 2019. Il n’était en fonction que depuis quelques mois quand la COVID-19 a frappé.
« Par sa nature, Finance Montréal est un réseau de réseaux, résume-t-il en entrevue avec Finance et Investissement. C’est un point de rencontre de toute l’indus- trie, que ce soit le secteur bancaire, l’investissement, les sociétés d’as- surance, les régulateurs et même les universités.»
« Par définition, mon travail et celui de mes collègues consiste à faire du réseautage, à réunir des gens, à provoquer des rencontres, animer des ateliers, travailler sur des initiatives, etc. Il faut du contact humain pour faire ça », souligne-t-il.
HOMME DE DÉFIS
Pourtant, le nouveau directeur général de l’organisme ne s’est pas laissé démonter. En effet, Jacques Deforges n’a pas peur des défis, comme le prouve son parcours.
Originaire de France, il est ar- rivé au Canada en 1984, et déjà à l’époque, il a dû surmonter des obstacles. En effet, son diplôme de l’École des hautes études commer- ciales de Paris (HEC Paris) n’était pas reconnu. Il a donc décidé de s’inscrire au programme de MBA à l’Université Concordia, ce qui lui a donné la possibilité d’apprendre l’anglais. «Ça m’a permis de joindre l’utile à l’agréable», dit-il.
Jacques Deforges a ensuite tra- vaillé à la Banque Nationale pen- dant 10 ans, notamment à titre de directeur principal, services aux grandes entreprises. « Je fai-
ESG
> SUITE DE LA UNE
selon lequel les investisseurs ESG sacrifient les rendements, d’après les experts du secteur.
«Il n’y a aucun préjudice à in- vestir dans une optique ESG », commente Ian Tam, directeur de la recherche sur les inves- tissements de Morningstar au Canada.
Davantage de recherches se- raient toutefois nécessaires pour expliquer pourquoi les fonds ESG ont surperformé, estime Melanie Adams, vice-présidente et di- rectrice de la gouvernance d’en- treprise et de l’investissement responsable chez RBC Gestion mondiale d’actifs. Elle est toute- fois d’avis que cela tient peut-être au fait qu’ils sont souvent forte- ment axés sur les valeurs tech- nologiques (dont beaucoup ont
sais essentiellement du finance- ment aux très grandes entreprises. Donc, toutes les grandes sociétés qu’on connaît aujourd’hui, les Bombardier, Vidéotron, Québecor, étaient mes clients», se souvient-il.
Puis, il est passé de l’autre côté du miroir pour travailler avec un de ses clients, Téléglobe, comme vice-président et trésorier. «Là, j’ai fondamentalement fait le contraire de ce que je faisais à la banque. Je faisais du financement pour l’en- treprise», dit-il en s’amusant.
Il a ensuite eu sa période PME, puis ses années pharma-biotech. Après presque 13 ans au sein de di- verses entreprises, il est retourné à la Banque Nationale pour diriger le secteur «entreprises et internatio- nal». Puis, au début de 2015, il s’est joint à la Chambre des notaires en tant que directeur général, où il avait le défi d’aider l’organisa- tion à réussir sa transformation numérique.
«Si je voulais résumer, j’ai passé environ autant de temps du côté industrie financière et marché fi- nancier que du côté entreprise, pe- tite, moyenne et grande. J’ai un peu fait la navette de l’un à l’autre tout au long de ma carrière », indique Jacques Deforges.
SOUTIEN APPUYÉ AUX
FINTECHS
Fort de ses multiples expé- riences, Jacques Deforges a re- levé le défi de la COVID-19 avec optimisme.
Il note ainsi qu’il a eu la chance de rencontrer ses collègues avant que la pandémie ne frappe, ce que les employés embauchés quelques mois plus tard n’ont pas pu faire. Et surtout, il souligne qu’il a eu le soutien de son prédécesseur, Louis Lévesque, pendant les huit premières semaines de son man- dat. Une aide appréciée à sa juste valeur.
« Somme toute, je m’estime chanceux dans le contexte », résume-t-il.
Voir le positif dans le néga- tif semble être une des grandes forces du nouveau DG de Finance Montréal. Bien que l’organisme
enregistré une forte croissance pendant cette période) et peu sur le pétrole et le gaz – un sec- teur qui a connu des difficultés lorsque la pandémie a frappé.
Kevin Prins, responsable de la distribution des fonds né- gociés en Bourse (FNB) et des comptes gérés chez BMO Gestion mondiale d’actifs, signale pour sa part l’importance tout par- ticulièrement associée au « G » d’ESG en période de turbulences des marchés.
« Le facteur de gouvernance est un bon indicateur qui signale quelles sont les entreprises sus- ceptibles de résister à la tem- pête », souligne-t-il.
Dustyn Lanz, chef de la direction de l’Association pour l’investissement responsable (AIR), ajoute que les critiques qui espéraient que la crise de la COVID-19 allait en quelque sorte permettre de confir- mer leur suspicion quant à la
ait dû annuler le Forum FinTech 2020, Jacques Deforges note que cette décision a été prise au bon moment, n’engendrant que peu de frais, et retient que les Rencontres OFF mensuelles sont maintenues de façon virtuelle.
« Cette annulation est malheu- reuse, mais on n’a pas disparu de la planète, on va s’adapter. De plus, on voit que les événements vir- tuels attirent plus de participants que les événements physiques », commente-t-il.
Côté bonne nouvelle, il sou- ligne aussi que Finance Montréal a pu lancer son concours de pitch (présentation de projets), qui fait normalement partie du Forum. Un concours à l’issue duquel la fintech ayant réussi la meilleure présenta- tion bénéficie d’un investissement de 1M$ de la part de Portag3.
Par ailleurs, la Station FinTech, qui avait fermé ses portes en mars, est rouverte au public depuis le 1er septembre. Elle a même pu ac- cueillir un nouveau locataire à la mi-septembre. « On a encore une très forte attractivité », se réjouit Jacques Deforges.
Il rappelle que tout ce qui touche la technologie et les fintechs est encore une priorité pour Finance Montréal.
«De façon fondamentale, le por- trait est très prometteur pour l’in- novation en technologie, puisqu’on a vu une accélération de la dématé- rialisation des échanges. Le thème techno et finance est là pour de bon. On est déjà très présent avec la Station mais on va continuer à travailler dans ce domaine.»
DEUX AUTRES GRANDES PRIORITÉS
Finance Montréal travaille éga- lement de façon prioritaire sur deux autres thèmes principaux: la finance durable et les ressources humaines.
Jacques Deforges estime que la finance durable est un domaine en essor. Il souligne la volonté des gouvernements de relancer l’éco- nomie d’une façon responsable et l’intérêt des consommateurs pour ce sujet.
sous-performance des fonds ESG en seraient quittes pour une mauvaise surprise.
«En réalité, la crise a confirmé ce que les universitaires et les inves- tisseurs responsables avancent de- puis des années: que l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance dans vos décisions d’investissement peut aider à mettre en évidence des risques et des occasions qui ne sont pas toujours visibles avec les seuls paramètres financiers tradition- nels», précise-t-il.
Selon lui, les mesures ESG permettent aux investisseurs d’évaluer les entreprises et leurs équipes de direction « de manière plus holistique ».
La popularité des fonds ESG semble se confirmer. Selon Morningstar, au cours du pre- mier trimestre de 2020, les flux d’entrée dans les fonds durables ont dépassé les flux d’entrée pour toute l’année 2019.
« Les marchés qui sont des intermédiaires, des relayeurs, s’adaptent. Ils vont prendre très clairement le lead dans les pro- chains mois et les prochaines an- nées en ce qui a trait à la finance durable», déclare-t-il.
Finance Montréal compte ré- unir plusieurs membres déjà im- pliqués dans ce domaine. Jacques Deforges cite ainsi le Fonds de solidarité FTQ, Fondaction, le Mouvement Desjardins, la Banque Nationale et la Caisse de dépôt et placement.
« Notre rôle sera, comme on le fait toujours, de réunir les membres de la table afin de trouver des ini- tiatives porteuses pour le secteur. Grâce à ces initiatives, on va tenter de positionner Montréal comme une place dominante», assure-t-il.
Déjà, Finance Montréal a orga- nisé fin septembre un événement sur les taxonomies des activités économiques durables en Europe et au Canada, auquel ont partici- pé des organisations de chaque continent.
De plus, Finance Montréal a lancé récemment une étude en collaboration avec la Caisse de dépôt et placement, Desjardins et la Banque Nationale sur la profon- deur de la main-d’œuvre en inves- tissement responsable, qui devrait être publiée fin novembre, début décembre.
« On n’a jamais fait d’étude là-dessus, Finance Montréal est le premier à le faire. On a déjà fait des études de ce genre par le passé, par exemple sur la profondeur de la main-d’œuvre dans les services financiers et dans les métiers d’as- surance. Là, on va vraiment cibler l’investissement responsable », indique Julie Perrone, directrice, communications et marketing à Finance Montréal.
«Ça va nous aider à prendre le pouls du marché du travail dans ce domaine, et aussi à motiver les gens à y participer», précise-t-elle.
Le troisième pilier d’intérêt de Finance Montréal porte sur tout ce qui touche les ressources hu- maines, la recherche de talent et la relève.
« C’est une grande avancée pour le marché de la vente au dé- tail, estime Dustyn Lanz. Nous le voyons par l’augmentation des flux de fonds vers les pro- duits ESG, comme le montrent les données de Morningstar, et cela laisse entendre que le marché de détail est sur le point d’exploser.»
Il croit que cette situation pourrait marquer un « change- ment de paradigme » dans le do- maine de l’investissement, et que l’évolution technologique y aurait contribué en attirant l’attention des investisseurs du monde en- tier sur les risques de l’ESG.
« Nous sommes à l’ère des médias sociaux, dit-il. Quand une usine s’effondre, quand les gens manifestent dans les rues, quand il y a un feu de forêt, quand le plastique s’échoue sur les rivages, les gens le voient. »
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