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6 | FINANCEETINVESTISSEMENT NOUVELLES Mi-octobre2020 Regain d’intérêt pour les fonds distincts
L’insécurité liée à la COVID-19 et les bas taux d’intérêt leur redonnent un élan.
PAR JEAN-FRANÇOIS BARBE
réputés pour leurs
garanties contre les replis des marchés, les fonds distincts ont retrouvé la faveur des consom- mateurs avec le passage de l’ouragan COVID-19. iA Groupe financier est l’un des principaux bénéficiaires de cette popularité retrouvée.
Les ventes nettes de fonds distincts traditionnels ont to- talisé 919 M$ sur la période de février, mars et avril 2020, d’après le récent document « Investor Economics - Insurance Advisory Service-Canada».
Par rapport à 2019, le change- ment est radical : pour toute l’an- née dernière, les sorties nettes de fonds distincts traditionnels avaient atteint 1,568 G$, selon Investor Economics.
La popularité des produits à ga- rantie de retrait à vie (GRV) continue,
Politique
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plus forte si la population confir- mait le choix de la BdC.
La banque centrale a donc réa- lisé un sondage, qui s’est terminé le 1er octobre, pour connaître la préférence de la population parmi les cinq options qu’elle-même éva- luait, à savoir: le ciblage de l’infla- tion, le ciblage du niveau des prix, le ciblage de l’inflation moyenne, le ciblage de la croissance du PIB nominal et le double mandat. Le ciblage de l’inflation, l’approche actuelle de la Banque du Canada, fait que l’institution vise que l’in- flation soit de 2%. Si l’inflation augmentait fortement, la Banque tenterait de la ramener à sa cible. Or, la hausse des prix découlant de la flambée serait permanente. Les prix des produits resteraient plus élevés que s’ils avaient simplement augmenté à un rythme de 2%.
Si la Banque choisissait le ciblage du niveau des prix, elle garderait les taux d’intérêt élevés plus long- temps pour abaisser l’inflation sous la cible et ramener le niveau des prix à sa trajectoire initiale, soit 2% d’inflation en moyenne.
Le ciblage de l’inflation moyenne est une solution intermédiaire entre les deux précédentes. Si la Banque optait pour cette solution, «elle essaierait d’atteindre un taux d’inflation qui, lorsqu’on en fait la moyenne avec l’inflation des an- nées précédentes, correspondrait à un taux d’inflation cible», lit-on dans le questionnaire du sondage. Elle aurait ainsi plus de temps et de souplesse pour ajuster ses taux d’intérêt.
Le ciblage de la croissance du PIB nominal porterait sur les dé- penses totales dans l’économie. Celles-ci peuvent augmenter soit parce que les prix montent
pour sa part, à s’étioler. En février, mars et avril 2020, les rachats net des produits à GRV ont totalisé 500M$. Elles s’étaient élevées à 2,238G$ pour toute l’année 2019.
La volatilité associée au virus aurait-elle donné un élan aux fonds distincts traditionnels ? «Avec la COVID-19, certaines per- sonnes sont conscientes d’être à risque», souligne Robert Lachance, vice-président, ventes, investis- sements et retraite au Groupe Cloutier.
«C’est le cas, par exemple, des individus qui avancent en âge et qui veulent léguer rapidement de l’argent en cas de décès. C’est aussi le cas d’entrepreneurs de 40 ou 50 ans qui apprécient davantage les garanties des fonds distincts contre d’éventuelles saisies de créanciers. Toutes ces garanties diminuent l’inquiétude et ajoutent de la sécurité», précise-t-il.
Il y a plus. «En raison des très bas taux d’intérêt, des épargnants sont devenus des investisseurs. Ils le sont devenus malgré eux. Fuyant l’incertitude, ils participent aux marchés par l’entremise des fonds distincts avec les garanties au décès et à l’échéance. Et il faut ajouter que les ratios de frais de gestion des fonds distincts tendent
(inflation), soit parce que les gens achètent plus de choses (crois- sance économique). En ciblant un taux de croissance constant du PIB nominal, «nous aiderions à main- tenir un niveau de dépenses plus stable », soit en laissant l’inflation augmenter quand l’économie va mal, soit en diminuant l’inflation en période de croissance rapide, d’après la Banque du Canada.
Enfin, «si nous options pour un double mandat, nous ciblerions à la fois l’inflation et un niveau d’em- ploi durable maximal», en leur ac- cordant une importance égale, d’après le questionnaire.
Alors qu’on attend toujours les résultats du sondage, certains ex- perts nous ont fait part de leur avis.
VERS UN MAINTIEN DE LA POLITIQUE
Tous les indices laissent croire que l’option la plus plausible serait que la BdC reconduise sa po- litique actuelle.
Selon Jocelyn Paquet, la BdC a remis en question sa politique mo- nétaire en raison de la décision de la Réserve fédérale (Fed) améri- caine de changer son propre cadre de politique.
Avant, les États-Unis essayaient de combiner un niveau d’emploi maximal avec une inflation à 2 %. Toutefois, au cours des dernières années, l’inflation n’a jamais atteint la cible. La Fed voulait éviter que les Américains s’attendent toujours à une inflation en dessous de la cible, et a donc modifié sa politique monétaire.
Dorénavant, la banque centrale américaine veut atteindre son inflation cible de 2% sur le long terme. Cela signifie que si l’infla- tion est à 1 % pendant quelques années, elle devra ensuite dépasser 2 % pour atteindre en moyenne la cible attendue.
De nombreux observateurs se demandent si cela va amener la
à ressembler à ceux des fonds com- muns de placement », explique Robert Lachance.
Selon lui, la persistance des ventes négatives des produits à GRV n’est pas une mauvaise chose pour l’industrie.
«Les produits à GRV exigent de fortes réserves financières de la part des assureurs. Avec l’écrasement des taux d’intérêt, il est difficile de soutenir le poids de ces réserves. Par conséquent, les ventes négatives d’un assureur comme Manuvie ne sont pas problématiques. Au contraire, car Manuvie s’est recen- tré notamment dans la vente de fonds communs de placement, un produit qui n’exige pas de réserves financières», dit Robert Lachance.
CEUX QUI SE DISTINGUENT
D’après les chiffres d’Investor Economics, seuls iA Groupe fi- nancier (558M$), RBC Assurances (110 M$) et Co-operators (63 M$) ont affiché des ventes nettes de fonds distincts et de produits à GRV (ventes nettes cumulatives) pour les quatre premiers mois de 2020. Les sept autres assureurs les plus importants en termes d’actifs gérés en fonds distincts et en GRV ont connu des rachats nets durant la même période.
BdC à modifier sa politique. Mais cette question n’a pas lieu d’être, jugent Jocelyn Paquet et Benjamin Reitzes, directeur, spécialiste en stratégie – taux canadiens et macroéconomie, à la BMO.
Actuellement, la BdC utilise le ciblage de l’inflation, mais ce ciblage est très «flexible», bien plus qu’aux États-Unis, souligne Benjamin Reitzes. Contrairement à nos voisins du Sud, le Canada ne vise pas une inflation à 2%, mais une inflation contenue dans une fourchette de 1% à 3%.
« Cela offre plus de flexibili- té et permet de se rapprocher un peu plus de l’objectif d’infla- tion moyenne, note-t-il. En fait, depuis le renouvellement de la politique en 2016, la BdC a réussi à atteindre son mandat sur le cycle au complet.»
Au cours des prochains mois, la BdC va soumettre les cinq cadres d’inflation qu’elle envisage à dif- férents tests théoriques et mathé- matiques pour déterminer lesquels sont les plus efficaces pour engen- drer une croissance économique, une inflation et un niveau d’emploi optimaux.
Un atelier a déjà été organisé le 26 août dernier pour présenter les résultats préliminaires. Et parmi les cinq cadres proposés dans le sondage, trois seulement sont considérés comme étant les plus performants : le cadre actuel, le ciblage de l’inflation moyenne et le double mandat.
Il faut toutefois noter que le meil- leur cadre selon les tests mathéma- tiques ne sera pas forcément celui que la BdC choisira.
En effet, ce sont les membres du conseil de direction de la BdC qui prennent la décision, et ceux-ci ont d’autres considéra- tions, explique Jocelyn Paquet. Ils veulent notamment que le mes- sage soit facile à comprendre. «Pour la Banque du Canada, il est important que les citoyens
«La marque RBC est incroyable- ment forte. Elle impose le respect auprès des consommateurs. L’offre de fonds distincts est simple et les frais de gestion sont très concur- rentiels. Enfin, les gestionnaires sont de qualité », affirme Robert Lachance.
Chez iA Groupe financier, les raisons des ventes positives sont nombreuses.
« Au cours des dernières années, iA a effectué un grand mé- nage dans son offre de produits de placement. La firme a rapatrié de nombreux mandats de gestion à l’interne. Et iA n’a pas eu, comme d’autres, à gérer à grande échelle les effets négatifs des produits à GRV. J’observe aussi que cet assu- reur dispose de son propre réseau de vente», dit le vice-président du Groupe Cloutier.
AMÉLIORATIONS PAYANTES
Deux raisons principales ex- pliquent les ventes positives d’iA, selon son vice-président principal, distribution et développement de produits d’assurance individuelle, Pierre Vincent.
«La première raison réside dans la qualité de l’offre de fonds. Le pro- cessus de revue formelle des fonds et de leurs gestionnaires a été gran-
comprennent quel est son man- dat», souligne l’expert.
Jocelyn Paquet et Benjamin Reitzes pensent donc que le cadre actuel sera maintenu. « C’est un cadre relativement facile à com- prendre. C’est moins évident pour le ciblage de l’inflation moyenne. Aux États-Unis, les gens posent déjà des questions: “Vous dites être prêts à dépasser l’inflation, mais jusqu’où êtes-vous prêts à aller et combien de temps êtes-vous prêts à dépasser ce 2%?”» commente Jocelyn Paquet.
Dans cette même optique, Benjamin Reitzes souligne qu’il est également très difficile d’expliquer le ciblage du niveau des prix et le ciblage de la croissance du PIB no- minal. Il pense donc que le conseil de direction de la BdC rejettera ces deux options.
Toutefois, Benjamin Reitzes n’est pas fermé à la possibilité que la Banque introduise une sorte de double mandat, et qu’elle vise éga- lement un niveau d’emploi durable maximal dans son mandat actuel.
Cette option du double mandat est d’ailleurs celle que privilégierait Raymond Kerzérho, directeur de la recherche chez PWL Capital. «Il faut comprendre que l’inflation et l’emploi seront à tour de rôle plus problématiques. Ainsi, un man- dat 50/50 n’empêche pas une plus forte priorisation à court terme de l’un ou l’autre des deux paramètres selon le contexte», explique-t-il.
Benjamin Reitzes note toutefois que l’emploi et l’inflation sont liés. « Si vous obtenez un taux d’em- ploi super fort et que les salaires augmentent beaucoup, cela en- traîne l’inflation et vice versa», précise-t-il.
«En fin de compte, on en revient vraiment à l’inflation. C’est pour- quoi le statu quo semble avoir plus de sens, avec peut-être quelques astuces», conclut-il.
Selon Raymond Kerzérho, il est complexe de déterminer qui
dement amélioré. Il est très poussé et s’applique à toutes les catégories de fonds. En d’autres termes, les gestionnaires ne restent pas sur la plateforme s’ils ne font pas ce qu’ils devraient faire», dit-il.
En 2019 et 2020, il y a eu un changement de gestionnaires dans 11 fonds distincts. Leurs ren- dements laissaient à désirer. La gestion de 4 fonds a été rapatriée à l’interne.
«La deuxième raison réside dans les outils électroniques mis à la disposition des conseillers », ajoute Pierre Vincent. À ce cha- pitre, il souligne le lancement, en février dernier, d’EVO Épargne, un outil qui permet de réaliser à dis- tance les adhésions et les dépôts. « Ce lancement tombait à point ! » déclare-t-il.
Jusqu’à quel point les ventes d’iA dépendent-elles du réseau interne? «Entre juillet 2019 et juillet 2020, nos ventes brutes de fonds distincts se sont accrues de 32%. Il n’y a pas eu de différence significative entre notre réseau interne et le réseau de courtage. Nos concurrents n’offrent pas de tels outils électroniques, populaires auprès des conseillers. Mais chose certaine, sans la qualité des fonds, ils tourneraient à vide», souligne Pierre Vincent. FI
est avantagé par une politique de ciblage de l’inflation. L’inflation suit actuellement «une trajectoire baissière, et il y a donc un risque de se retrouver avec une inflation négative, ce qui n’est bon pour à peu près personne, sauf peut-être quelques spéculateurs», dit-il.
«Selon mes indicateurs, nous nous dirigeons tout droit vers des taux d’inflation inférieurs à 1%, et la Banque aura beaucoup de dif- ficulté à atteindre le 2%. Je m’ex- plique mal que de nombreux ex- perts prévoient toujours 2% à long terme», ajoute-t-il.
Pour sa part, Benjamin Reitzes estime qu’en suivant une politique de ciblage de l’inflation, on a ten- dance à exclure d’autres problèmes potentiels. «Vous ne vous concen- trez pas nécessairement autant sur la stabilité des marchés financiers et des marchés d’actifs.» Il songe à ce qui s’est passé en 2000-2001 et en 2006 aux États-Unis, lorsque la Fed n’a rien fait pour refroidir les mar- chés, car il n’y avait pas d’inflation.
Selon lui, la façon dont la BdC ap- plique cette politique est toutefois moins problématique. En ayant une inflation cible plus flexible, la BdC peut se concentrer également sur le marché financier.
De son côté, Jocelyn Paquet juge que si la BdC adoptait le ciblage de l’inflation moyenne comme aux États-Unis, elle pourrait potentiel- lement maintenir les taux d’intérêt plus bas plus longtemps. Tous les emprunteurs pourraient bénéfi- cier de cette situation.
Dans une politique de ciblage de l’inflation, la BdC pourrait de- venir plus restrictive plus rapide- ment. Les épargnants, et non les personnes endettées, seraient alors probablement les gagnants, sou- ligne Jocelyn Paquet.
Toutefois, les analystes de la Banque Nationale ne s’attendent pas à une remontée importante des taux au cours des 18 à 24 pro- chains mois. FI