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 ÉCOBLANCHIMENT OU PAS ?
 « Quand on investit, on a une influence que l’on perd en quittant complètement un secteur. » – Denis Dion
  «Dans le commerce de détail, un boycott diminue immédiatement les revenus d’un magasin, mais en finance, un titre trouvera d’autres acheteurs, souligne-t-elle. Ça peut faire augmenter le coût du capital, mais c’est tout.» Autrement dit, l’entreprise pourrait devoir offrir des intérêts plus élevés sur ses obligations ou voir la valeur de ses actions baisser un peu, sans plus.
Dustyn Lanz partage cet avis. Il rappelle que la crise climatique est une question systé- mique, qui a des conséquences sur les secteurs de l’énergie, de l’agriculture, de la finance, des transports et bien d’autres.
Les actifs canadiens gérés à l’aide d’une
ou de plusieurs stratégies d’IR sont passés de
1 010
milliards de dollars à
2132
milliards de dollars
de 2013 à 2017, selon l’Association pour l’investissement responsable.
Les émetteurs doivent simplement divulguer leurs objectifs de placement fondamentaux, ainsi que les principales stratégies de placement qu’ils comptent utiliser pour les atteindre. Les méthodes et la philosophie de sélection des titres doivent être connues.
Mais «c’est l’émetteur lui-même qui choisit la désignation du fonds, ajoute Sylvain Théberge. Un organisme de placement collectif qui propose des titres au public définira dans son prospectus les cri- tères ESG utilisés par le fonds.»
Andrée De Serres, professeure au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnemen- tale de l’ESG UQAM, admet qu’il reste des améliorations à apporter, mais ajoute que la finance a progressé depuis
dix ans.
«Ce n’est pas parfait, mais on apprend à mieux évaluer
les risques environnementaux et sociaux et la volonté des entreprises de les gérer », avance-t-elle.
Andrée De Serres croit toutefois que l’on devrait aug- menter les connaissances en la matière dans l’ensemble de l’industrie financière.
«Les cours en investissement responsable ne consti- tuent pas encore une priorité dans les programmes de finance, déplore-t-elle. Il serait aussi important de former davantage de personnes dans les institutions financières, des gestionnaires de fonds jusqu’aux conseillers et repré- sentants. »
Les investisseurs peuvent déjà trouver des informations sur le site de l’AIR (riacanada.ca) et sur celui des Principes pour l’investissement responsable (unpri.org). Ils peuvent aussi se fier à certains indices boursiers, comme le Jantzi Social, le Dow Jones Sustainability ou le MSCI KLD 400 Social, dont les titres ont été analysés par leurs créateurs.
Pour l’investisseur individuel, tout cela peut quand même rester assez complexe. Les professionnels du conseil financier ont donc un rôle à jouer pour bien expli- quer aux gens les différentes approches en investissement responsable et rechercher les produits qui correspondent réellement à leurs valeurs. C
   «On peut investir dans ce qui favorise la transition énergétique, comme l’énergie renouvelable ou les techno- logies vertes, mais [dans la plupart des autres secteurs], on va être exposé à des risques financiers liés aux change- ments climatiques», précise-t-il.
D’autant que les secteurs ne sont pas isolés entre eux. Si un investisseur évite les entreprises productrices d’éner- gies fossiles, mais détient des parts dans des banques qui, elles, financent allègrement ce secteur, est-il plus avancé ? Si ce même investisseur achète des actions d’Alphabet, dont le moteur de recherche Google génère 15 millions de tonnes de CO2 chaque année1, sert-il la lutte contre les changements climatiques?
Mieux former l’industrie financière
L’absence de normes ou de règles claires quant à ce qui constitue un produit d’in- vestissement responsable alimente par
ailleurs la confusion des investisseurs. «Il n’y a rien dans la Loi sur les valeurs mobilières ni dans les règlements qui définisse la notion d’ESG ou d’investissement socialement responsable, admet Sylvain Théberge, directeur des rela- tions médias à l’Autorité des marchés financiers. Les fonds sont libres d’adopter leur propre définition des critères ESG. Celle-ci peut varier d’un émetteur à un autre.»
Pour aller plus loin
Tips for avoiding greenwashed investments and service providers
bit.ly/2sLaziL
Desjardins : des REER verts qui investissent
dans l’or noir
bit.ly/2MTexwO
             1 Alphabet soutient contrebalancer ces émissions avec des programmes de compensation du carbone.

































































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