Page 19 - Newcom
P. 19

                CONSEILLER.CA 19
 MIROIR, MIROIR
 Les indices peuvent être construits selon différentes méthodologies ou approches et suivant l’exposition sou- haitée à un marché précis. La pondération la plus répan- due est celle en fonction de la capitalisation boursière et par secteur. En présence de concentration ou de faible liquidité, un manufacturier de fonds va généralement s’en remettre à l’échantillonnage, à l’équipondération (donner le même poids à différents titres) ou aux indices plafon- nés (limiter le poids d’un titre ou d’un secteur dans l’indice pour qu’il ne prenne pas une importance démesurée) pour constituer son produit, ce qui peut créer des distorsions.
Mais même s’il y a écart de performance avec l’indice baromètre, « le FNB conservera son avantage par rapport à l’achat d’un seul titre du secteur », martèle Alain Desbiens.
Lorsqu’il y a représentativité parfaite, un écart de rende- ment peut tout de même s’expliquer par les frais de ges- tion et, le cas échéant, les frais de devise ou de couverture et la retenue fiscale sur les dividendes aux États-Unis.
Autrement, la distorsion est appelée « erreur de réplica- tion» ou «erreur de suivi», qui peut être positive, mais le plus souvent négative. Lorsque cette dernière se produit, il faut en identifier la source.
Une distorsion négative élevée, peu souhaitable, incitera à «revoir ses choix de fournisseur, de fonds et d’indice. Mais surtout à bien comprendre le fonds et les secteurs que l’on reproduit. D’où la nécessaire transparence» des documents descriptifs accompagnant le produit, souligne Alain Desbiens.
Mainteneurs de marché
«Plus on s’éloigne du sous-jacent, plus on dévie de l’indice, plus cela peut créer de l’inquiétude chez les investisseurs», résume Sebastien Betermier. Le profes-
seur de finance à la Faculté de gestion Desautels de l’Uni- versité McGill ajoute à la liste des facteurs de distorsion potentiels «tout ce qui peut nuire à l’action des partici- pants autorisés [c’est-à-dire les mainteneurs de marché]».
Il existe une dizaine de mainteneurs de marché au Canada. Ils sont chargés d’inscrire les offres d’achat et de vente en Bourse dans le but d’augmenter la liquidité et de permettre à l’acheteur ou au vendeur d’effectuer des opérations en limitant ses frais de négociation, peut-on lire dans la présentation Comprendre les FNB, de BMO. Ils peuvent corriger les déséquilibres liés à l’offre en créant ou en rachetant des parts.
Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill
Selon M. Betermier, ce mécanisme d’arbitrage favori- sant l’efficacité du marché secondaire et le maintien des prix des FNB par rapport à leur indice pourrait facilement s’enrayer en période de crise ou de tensions financières, et ce, d’autant plus que ces participants autorisés pourraient éprouver eux-mêmes un problème de liquidité.
«Le marché des FNB est relativement jeune au Canada et sa croissance a explosé. Or, peu de ces fonds ont connu une période de crise», prévient Sebastien Betermier.
La liquidité reste toutefois un enjeu majeur. Si elle est reconnue comme un atout des FNB indiciels, elle pourrait même être illusoire en cas de crise ou si le sous-jacent ne l’est pas. En période de tension, le fonds peut avoir de la difficulté à s’ajuster s’il doit se départir rapidement de titres peu liquides alors qu’on assiste à des ventes plus nombreuses sur les marchés.
«Avec cette croissance que nous observons, un grand nombre de nouveaux FNB s’étendent à des catégories de titres ou à des marchés d’actions ou d’obligations moins profonds (composés de peu de titres), moins liquides – tels certains marchés émergents, des obligations d’entre- prise ou des titres adossés à des hypothèques – ce qui limite d’autant l’efficacité du mécanisme d’arbitrage et les échanges entre participants autorisés», ajoute le profes- seur de McGill.
Risque de manipulation de l’indice
À ces considérations liées à la nature même du marché indiciel s’ajoutent les risques inhérents à l’administration des
baromètres de référence. Les régulateurs ont encore fraîche en mémoire l’expérience malheureuse de 2012, alors que les révélations entourant la manipulation du London Interbank Offered Rate (LIBOR, ou taux d’em- prunt interbancaire offert à Londres) ont amené le marché à mettre en doute la crédibilité et l’intégrité du LIBOR et à se méfier des indices financiers de référence en général.
«La manipulation du LIBOR a entraîné des poursuites civiles individuelles et collectives, des poursuites crimi- nelles, le paiement de montants élevés au titre d’amendes et de transactions judiciaires conclues avec les banques ayant fourni les données», constatent les Autorités cana- diennes en valeurs mobilières (ACVM).
« Plus on s’éloigne du sous-jacent, plus on dévie de l’indice, plus cela peut créer de l’inquiétude chez les investisseurs. » – Sebastien Betermier, professeur de finance à la
   Les experts
Sebastien
Betermier
Professeur de finance à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill
Alain
Desbiens
Directeur général, distribution des FNB, à BMO Gestion mondiale d’actifs
    






































































   17   18   19   20   21