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Mars2020
   Régimes
> SUITE DE LA UNE
y trouver divers enseignements et éléments intéressants. Voici ce que j’ai retenu pour eux de ma lecture du 30e Rapport actuariel sur le RPC et de l’Évaluation ac- tuarielle du RRQ, deux docu- ments produits en décembre 2019 et ayant comme point de départ les informations au 31 dé- cembre 2018 (actifs, prestataires, cotisants, etc.).
PERTINENT RÉÉQUILIBRAGE
Selon l’analyse du RRQ, le taux de rendement moyen à long terme d’un portefeuille diversifié et régulièrement rééquilibré est systématiquement supérieur à la moyenne pondérée des taux de rendement des diverses catégo- ries individuelles d’actif. Cette différence est appelée effet de diversification.
Le tableau 29 de l’analyse du RRQ documente cet effet, qui est notamment fondé sur un rééqui- librage périodique afin d’éviter les déviations trop importantes par rapport à la cible du porte- feuille d’investissement. Le do- cument cite que, sur la base de la littérature financière et des tra- vaux d’analyse stochastique réa- lisés, la valeur ajoutée au porte- feuille représente 40 points de base (pb) pour le régime de base, et environ 30 pb pour le régime supplémentaire ayant une répar- tition plus prudente.
Le RRQ n’attribue par ailleurs aucune valeur ajoutée à long terme à la gestion active basée sur les choix de titres et de secteurs et les déviations par rapport aux cibles de la politique de placement.
De façon similaire, le RPC pré- sume une valeur ajoutée de 80 pb pour la gestion active, la- quelle se retrouve complètement éliminée par des coûts supplé- mentaires pour la gestion active. Au bout du compte, il n’y a pas de valeur ajoutée.
Dans les normes de l’Institut québécois de planification financière (IQPF)/FP Canada, il n’est pas mentionné de mettre une prime pour l’effet de la diver- sification. Toutefois, on men- tionne de ne pas rajouter de va- leur ajoutée par la gestion active, ce qui est similaire aux ap- proches des analyses actua- rielles. Le planificateur financier peut le faire, mais il doit justifier cet écart.
ANALYSE DE LA RELATION RISQUE/RENDEMENT
Parfois, plus de risque signifie moins de volatilité. C’est l’une des conclusions du tableau 1, présenté ci-contre. Ainsi, il est connu qu’à chaque niveau de rendement peut correspondre un niveau de risque. C’est ce que montre le tableau 1, qui présente le rendement réel espéré en fonc- tion de différentes compositions de portefeuille. Rappelons ce- pendant que les portefeuilles hy- pothétiques comprennent non seulement des actions de socié- tés ouvertes, mais aussi des ac- tions de sociétés fermées, du cré- dit et des actifs réels. Malgré cette composition, ces porte- feuilles donnent une bonne idée du comportement de cette pon- dération d’actif.
On retrouve deux séries de portefeuilles : l’une pour le ré- gime de base du RPC et l’autre pour le régime supplémentaire (commencent par un S) du RPC qui débutait en 2019. Le porte- feuille ciblé pour le régime de base est le « BME », pour « base meilleur estimé ». Le « SME » est plus prudent et reflète la cible pour le régime supplémentaire.
Le régime supplémentaire a une politique plus prudente, car, à long terme, 70 % des déboursés proviendront du rendement, alors que pour le régime de base, une plus grande partie provient des cotisations versées.
Pour chaque portefeuille du tableau, on observe un rende-
Sans surprise, la probabilité est très faible pour le portefeuille B1. Bien qu’il soit écrit que la pro- babilité de perte est de 0%, on nous dit qu’une petite probabili- té demeure. À l’opposé, le porte- feuille B4, composé à 100 % d’ac- tions, aurait 13,8 % de risque de présenter une perte cumulée dé- passant 10 % sur trois années. Toutefois, ce même portefeuille n’a que 7% de risque de produire une perte d’au moins 20 % sur trois ans. À titre comparatif, si on examine le rendement sur trois ans de l’indice S&P/TSX depuis 1956, il y a eu des périodes négatives sur 36 mois, comme une perte de -15 % fin octobre
 TABLEAU 2
Probabilité de subir une perte d’au moins 10 % ou 20% sur 3 ans
Répartition de
l’actif du portefeuille
  Probabilité de perte cumulative sur 3 ans
  Actions (%)
Obligations (%)
  -10%
 -20%
 B1
   30
 70
   0,0 %
  0,0 %
 B2
   50
 50
   0,7 %
  0,1 %
 BME
   70
 30
   5,7%
  1,5%
 B3
   85
 15
   10,5%
  4,4%
 B4
    100
  0
    13,8 %
   7,0 %
 SOURCE: TABLEAUX 109 DU RAPPORT ACTUARIEL SUR LE RPC
TABLEAU: FINANCE ET INVESTISSEMENT
Il est pertinent de réviser fréquemment les sommes qu’un client doit cotiser ou décaisser pour assurer la viabilité de
1976, de
-30 % fin août 2003, et de -25 % fin février 2009. Bien entendu, mon analyse porte sur une seule catégo- rie d’actions, les actions cana- diennes, alors que le RPC a utili- sé un portefeuille mieux diversifié
ce qui est énorme lorsqu’on calcule l’effet du rendement composé.
En d’autres mots, même si les actuaires du RRQ s’attendent à 6,2 % de rendement, ils sont conscients que 1 fois sur 10 le rendement ne sera que de 3,7 % sur 50 ans, une longue période. L’écart de 250 pb est monstrueux sur 50 ans.
Par ailleurs, les graphiques montrent que, en moyenne, il est peu probable d’avoir un rende- ment négatif sur une si longue période.
On peut tirer quelques ensei- gnements de ces projections. D’abord, il est pertinent de révi- ser fréquemment les sommes qu’un client doit cotiser ou dé- caisser pour assurer la viabilité de son plan, parce qu’on ne sait jamais à l’avance si l’on traverse une de ces mauvaises périodes de 50 ans. La planification finan- cière est un exercice dynamique, car nos hypothèses peuvent s’avérer trop optimistes et ne plus correspondre, par exemple, au budget de retraite initial d’un client.
Ensuite, il est prudent de faire des projections où le rendement du client est de 100 à 200 pb infé- rieur au rendement espéré. L’exercice permet de mesurer à l’avance l’impact sur son coût de vie de cette baisse.
Par ailleurs, pour le régime supplémentaire du RRQ, qui est plus prudent que le régime de base, le taux de rendement moyen attendu est de 5,8%. En tout, 10% des résultats produisaient un ren- dement de 3,8 % ou moins, et 10 % de 7,8 % ou plus. L’écart-type est plus bas à 1,5 point de pourcen- tage, par rapport à 1,9 point pour le régime de base.
Notons que les régimes de base et supplémentaire du RRQ, de 2019 à 2028, ont une pondération de 20% en titres à revenu fixe, de 8% en infrastructures, de 17% en placements privés, de 41,5% à 43% en actions et de 12% à 13,5% en im- mobilier. Le RRQ prévoit augmen- ter sa pondération en titres à reve- nu fixe avec le temps pour le régime supplémentaire. Tout comme le RPC, le RRQ aura une politique d’investissement plus prudente pour le régime supplémentaire.
En résumé, les différents rap- ports actuariels contiennent des analyses intéressantes pour un conseiller en placement qui cherche à enrichir ses discus- sions avec son client investisseur, notamment sur la volatilité des rendements. Avis aux intéressés : ces analyses ne sont produites que tous les trois ans. FI
*A.S.A., Pl. Fin., Directeur principal, Centre d’expertise, Banque Nationale Gestion privée 1859
 son plan.
ment réel espéré sur 75 ans et un risque (l’écart-type prévu sur 1 an). Il faut ajouter essentielle- ment 2,0 points de pourcentage, soit l’équivalent de l’inflation, au rendement réel pour estimer le rendement nominal. Cette infor- mation est utile pour les utilisa- teurs des normes d’hypothèses de projection de l’IQPF/FP Canada, car elle complémente en présentant un repère pour la vo- latilité, information souvent demandée.
Il est intéressant de voir que le portefeuille S1 est moins efficace que le B1, car il prévoit moins de rendement avec plus de risque. L’ajout de 30 % en actions aug- mente le rendement et réduit le risque. Toute augmentation sub- séquente en actions est suivie par une augmentation du risque. Une mince discordance sur le plan du rendement semble exis- ter entre les portefeuilles B2 et SME.
LES PERTES IMPORTANTES NE SONT PAS RARES SUR TROIS ANS
Le tableau 2, qui résulte du rapport actuariel du RPC, montre une évaluation de la probabilité de subir une perte cumulative nominale sur trois années consé- cutives en fonction de différents portefeuilles en place.
sur le plan géographique.
Même si on investit à long terme, il peut y avoir des périodes de trois ans moins faciles à tra- verser, où un conseiller doit ex- pliquer les rendements négatifs
et peut-être rassurer son client.
MÊME SUR 50 ANS, LES RENDEMENTS PEUVENT DÉCEVOIR
Les graphiques 34 et 35 de l’Évaluation actuarielle du RRQ font notamment une projection de la moyenne des taux de rende- ment et d’inflation sur une pé- riode de 50 ans en fonction de 5 000 scénarios d’une période analogue.
Ainsi, pour ce qui est des simu- lations de l’inflation, il est atten- du que la moyenne soit de l’ordre de 2,1 %. Parmi les multiples si- mulations, 10 % des résultats pro- duisaient une inflation de 1,8% ou moins, et 10% de 2,4% ou plus. L’écart-type est très mince à 20 points de base.
En ce qui concerne le porte- feuille cible du régime de base, il est attendu que la moyenne soit de l’ordre de 6,2 % de rendement nominal. Parmi les multiples si- mulations, 10 % des résultats pro- duisaient un rendement de 3,7 % ou moins, et 10% de 8,5% ou plus. L’écart-type est plus impor- tant à 1,9 point de pourcentage,
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Le cabinet du ministre contre les FAR
Le cabinet du ministre des Finances du Québec est en faveur de l’abolition des frais d’acquisition reportés (FAR). « Ces modifications réglementaires répondent adéquatement aux préoccupations importantes que nous avions en matière de protection des investisseurs soulevées par les options FAR », écrit le cabinet du ministre, dans un courriel. « Nous croyons que la longue période de transition atténuera l’impact de l’interdiction des options FAR et permettra aux [gestionnaires de fonds d’investissement] (GFI) et aux courtiers qui ont recours à celles-ci de disposer de suffisamment de temps pour ajuster leurs modèles d’affaires », lit-on. Cette réponse a de quoi jeter un froid sur la démarche que menaient en février des courtiers en épargne collective voulant éviter que le ministre approuve le changement de réglementation. Ceux-ci espèrent que le ministère des Finances sera davantage sensible que l’Autorité des marchés financiers (AMF) aux conséquences de l’abolition des FAR, dont les risques de réduire l’accès au conseil financier et de plomber leurs efforts de recrutement de conseillers de la relève. Le ministre des Finances du Québec n’envisage donc pas de suivre le pas du ministre des Finances de l’Ontario, Vic Fideli, qui semble avoir eu un effet déterminant sur la décision de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario de continuer de permettre les FAR dans cette province.
Tiré de finance-investissement.com
     TABLEAU 1
Taux de rendement réel moyen prévu sur 75 ans selon différents types de portefeuilles
Répartition de
l’actif du portefeuille
  Actions (%)
Obligations (%)
  Rendement réel
 Écart-type (1 an)
 S1
   0
 100
   2,0 %
  3,9 %
 B1
   30
 70
   2,8 %
  3,6 %
 S2
   35
 65
   3,1 %
  4,8 %
 B2
    50
  50
    3,3%
   6,6 %
 SME
  50
50
  3,4 %
 6,6 %
 S3
   60
 40
   3,7 %
  8,9 %
 BME
   70
 30
   4,0 %
  10,7 %
 S4
   70
 30
   4,0 %
  10,7 %
 B3
   85
 15
   4,3 %
  14,0 %
 B4
    100
  0
    4,5 %
   16,8 %
 SOURCE: TABLEAUX 108 ET 110 DU RAPPORT ACTUARIEL SUR LE RPC
TABLEAU: FINANCE ET INVESTISSEMENT
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