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Affirmer qu’Eric F. Gosselin a connu l’équivalent de la préhistoire de la technologie financière québécoise ne serait pas exagéré. Au tournant des années 2000, il n’était pas encore question de robots-conseillers ou de planifi- cation financière en ligne. Et le passage au bureau 100% numérique en était à ses balbutiements, se souvient le pla- nificateur financier indépendant.
«J’ai été parmi les premiers à numériser l’ensemble de mes documents, et ce, dès 2002. On parlait alors de bureau sans papier, même si nous devions encore faire signer de la paperasse que nous numérisions ensuite», raconte celui qui est aussi conseiller en sécurité financière et représentant en épargne collective rattaché à Services en placements PEAK. Il a d’ailleurs banni le photocopieur de son cabinet à cette époque.
La pratique des conseillers était alors passablement différente. Entre le moment où un individu manifestait son désir de planifier ses vieux jours et celui où le mandat débutait, il pouvait par exemple s’écouler des jours, voire des semaines.
«Aujourd’hui, je rencontre un prospect au lunch et, quelques heures plus tard, je suis déjà en train de plancher sur son cas grâce aux chiffres qu’il m’a fait parvenir. Doré- navant, les communications sont instantanées», souligne Eric F. Gosselin.
Cette accélération soudaine, rendue possible par l’émergence des premiers téléphones intelligents au tour- nant des années 2000 (BlackBerry, Sony Ericsson...), puis du iPhone en 2008, ne s’est d’ailleurs pas opérée sans heurts.
«On nous promettait alors qu’on travaillerait moins grâce à la technologie. C’était cependant un mensonge; la vérité, c’est qu’on abat plus de boulot que jamais pour le même nombre d’heures travaillées», indique-t-il.
Révolution technologique?
Daniel Guillemette est bien placé pour le savoir. Le président et fondateur du cabinet de services financiers Diversico a contribué
à cette augmentation de cadence en mettant notamment au point le logiciel iGeny. Grâce à ce gestionnaire de pro- cessus d’affaires, les conseillers en sécurité financière peuvent automatiser et standardiser plusieurs tâches administratives, comme l’envoi de courriels de rappel ou l’échange de documents électroniques.
«Le professionnel et son équipe dégagent ainsi plu- sieurs milliers d’heures de temps de cerveau par année. Celles-ci peuvent ensuite être réutilisées pour générer de la valeur, sous forme d’amélioration de la connaissance des produits vendus ou de négociation de meilleurs tarifs avec une compagnie d’assurance», explique celui qui compte près de 30 ans d’expérience dans le milieu, notamment à titre de conseiller en sécurité financière. Au Québec, iGeny revendique plus de 250 utilisateurs à l’heure actuelle.
De là à parler de révolution, il y a un pas que Bernard Viau n’est pas prêt à franchir. Selon ce conseiller aujourd’hui à la retraite, les technologies qui ont véritablement transformé la pratique des conseillers se comptent sur les doigts d’une main.
«Hormis les transactions automatisées par ordinateur, qui ont changé du tout au tout la manière de négocier sur les marchés boursiers comparativement aux livres d’aupa- ravant, j’en vois peu», insiste-t-il.
Il est tout particulièrement critique vis-à-vis des robots-conseillers, une technologie qui a inutilement été montée en épingle dans les dernières années, selon lui.
«À l’heure actuelle, on parle de programmes informa- tiques simplissimes, qui peuvent s’exécuter sur un tableur Excel. Ils n’arrivent pas à la cheville des véritables profes- sionnels en chair et en os», estime-t-il. Le conseil finan- cier est encore et toujours basé sur une relation humaine empreinte de confiance, ajoute-t-il.
Même son de cloche chez Eric F. Gosselin, qui voit un « faux problème » dans les robots-conseillers. Il en va ainsi pour toutes les technologies de planification financière existantes ou à venir qui excluent le conseiller de l’équa- tion pour le remplacer par un algorithme, croit-il.
« Les conseillers indépendants n’auront pas le choix de se joindre à de grands cabinets capables d’accéder à ces technologies, puis de les intégrer à leurs affaires. » − Daniel Guillemette, président et fondateur
du cabinet de services financiers Diversico
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Président et fondateur de Diversico
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