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MARS 2020
TECHNOLOGIE
« Je persiste à croire que les meilleurs conseils financiers proviendront encore et toujours de la bouche d’humains. »
– Bernard Viau, conseiller à la retraite
«La machine ne sera jamais capable de faire preuve d’empathie envers le client. Il faut davantage la voir comme un assistant capable d’accélérer le traitement des dossiers ou de simplifier la prise de rendez-vous que comme une alternative à part entière», précise-t-il.
Malgré tout, les conseillers s’inquiètent de la menace que fait peser sur leurs revenus cette avancée techno- logique. Dans un sondage publié en novembre 2019 par Finance et Investissement, la planification financière créée par un algorithme sans l’intervention d’un conseiller est ressortie comme LA principale menace à leur chiffre d’af- faires dans les cinq prochaines années, devant la vente d’assurance de personnes par Internet sans l’intervention d’un représentant1.
En 2015,
59%
des Canadiens avaient recours
à des ressources en ligne pour prendre des décisions en matière d’épargne et de placement.
Source : BlackRock
raître à plus ou moins brève échéance, croit-il.
«L’industrie financière a parfois de la difficulté à justi- fier sa valeur. Il existe encore des [représentants qui ne font que vendre des pro- duits] sans apporter de véri- table plus-value », regrette Daniel Guillemette.
Bernard Viau fait d’ailleurs remarquer que les clients, mieux informés que jamais, comparent déjà abondam- ment les offres de services
IA
Un métier en transformation
Ces inquiétudes pourraient bien se concrétiser d’ici 20 ans. C’est du moins ce que prédit Daniel Guillemette.
« Les avancées en intelli-
entre elles. Les jeunes générations sont plus enclines que les précédentes à magasiner en ligne, observe-t-il.
«On va certainement assister à une dématérialisa- tion accrue du conseil dans les prochaines décennies. Je persiste cependant à croire que les meilleurs conseils financiers proviendront encore et toujours de la bouche d’humains », dit-il.
Eric F. Gosselin voit aussi les choses ainsi. « Les besoins du client devront être satisfaits de façon encore plus ins- tantanée qu’ils ne le sont maintenant. Ce n’est pas près de changer, bien au contraire», tranche-t-il.
De plus en plus, les clients s’attendent à ce que leur dossier chemine rapidement grâce à la technologie, décrit-il. Par exemple, ils espèrent une réponse à
leurs courriels dans les heures qui suivent. En définitive, le conseiller n’aura pas le choix d’embarquer dans le train incessant du progrès, sous peine de devenir un spéci- men en voie de disparition. « Certains pensent que tout a été inventé. Je peux déjà statuer que ce n’est pas le cas.» C
gence artificielle et l’avènement des chaînes de blocs ne sont que
deux exemples de boule- versements imminents au
fort potentiel perturbateur.
Les conseillers indépen- dants n’auront pas le choix
de se joindre à de grands cabinets capables d’accéder
à ces technologies, puis de les intégrer à leurs affaires », entrevoit-il.
Pour survivre dans ce nouvel environnement, les conseillers devront se muer en de «super spé- cialistes » capables de dispenser des conseils très pointus à leurs clients. Sans quoi ils sont condamnés à dispa-
1 Finance et Investissement, « Inquiétudes de conseillers », bit.ly/38fTehJ



































































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